Dans Speak No Evil, James McAvoy incarne le mal incarné. L'histoire suit la rencontre entre deux couples lors d'un été en Italie. Alors qu'ils deviennent amis, ils proposent de se revoir quelques mois plus tard. Quand Louise (Mackenzie Davis) et Ben (Scoot McNairy) se rendent en week-end chez leurs hôtes, ils découvrent leurs vrais visages. Le séjour se transforme en calvaire absolu.
À l'origine, ce film de James Watkins est un remake d'un thriller danois intitulé Ne dis rien et réalisé Christian Tafdrup. La trame des deux longs métrages est très similaire. Les mêmes thèmes sont explorés, ceux de la soumission, des conventions sociales et de la masculinité violente. Néanmoins, la version américaine se distingue par quelques détails, en particulier la fin, bien différente du film original.
Dans le premier Speak No Evil, la famille piégée reste totalement passive face aux événements de plus en plus violents. Par politesse et pour ne pas vexer leurs hôtes, ils n'osent pas lever la voix et quitter les lieux. Quand la ligne rouge est franchie, il leur est impossible de faire marche arrière.
L'écriture de ces personnages a frustré de nombreux spectateurs. Certains parlent même d'"incohérence". "Aucun réflexe de survie, ancéphalo plat des victimes, impossible de s'identifier à un personnage qui prend des décisions toujours plus bêtes l'une que l'autre", peut-on lire de la part d'un abonné sur AlloCiné.
Attention, spoilers ! Assurez-vous d'avoir vu "Speak No Evil" avant de lire ces quelques lignes.
La version américaine corrige le tir. La famille dite victime peine à réagir puis, dans un élan de courage, décide de partir. Quand ils comprennent qu'ils sont bloqués, ils ripostent. Dans la grande tradition des films américains, le troisième acte repose sur une course-poursuite dans la maison. Le spectateur, qui subit la passivité des personnages dans l'original, peut cette fois pleinement s'identifier à eux.
Arrive alors la fin, surprenante à bien des égards. Dans la version danoise, les victimes sont emmenées dans un terrain vague et meurent lapidées. Violente, la scène vient amplifier l'embarras et le sentiment d'impuissance du spectateur. Dans le remake, la famille piégée sort triomphante du cauchemar. Le réalisateur et scénariste James Watkins va même jusqu'à renverser les événements de l'original.
Une fin surprenante pour un film américain
Ici, c'est l'enfant kidnappé par le couple de psychopathes qui se retourne contre son assaillant, Paddy (James McAvoy). Quand ce dernier est au sol, le jeune adolescent s'empare d'une grosse pierre pour écraser sa tête à plusieurs reprises.
La scène est d'autant plus marquante qu'il est assez rare de voir des enfants prendre part à la violence dans des films de genre américains. Ils sont plus souvent victimes qu'agresseurs. Dans Speak No Evil, le personnage exulte tous ses traumatismes en reproduisant les mêmes actes que son bourreau.
Speak No Evil est à découvrir au cinéma.