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    À voir sur Netflix : ce film d'exorcisme est tiré d'une histoire vraie !
    Emilie Semiramoth
    Emilie Semiramoth
    Cheffe du pôle streaming, elle a été biberonnée aux séries et au cinéma d'auteur. Elle ne cache pas son penchant pour la pop culture dans toutes ses excentricités. De la bromance entre Spock et Kirk dans Star Trek aux désillusions de Mulholland Drive de Lynch, elle ignore les frontières des genres.

    Avec "The Deliverance", Lee Daniels raconte l'histoire d'une famille dévastée par des forces démoniaques. Le film met en scène un combat aussi bien intérieur qu'extérieur, porté par les performances exceptionnelles d'Andra Day et Glenn Close.

    De quoi ça parle ?

    The Deliverance se déroule à Pittsburgh en 2011 et suit Ebony Jackson, une mère célibataire qui lutte pour élever ses trois enfants dans un contexte de pauvreté et d'instabilité. La famille emménage dans une maison qui ne tarde pas à révéler des signes inquiétants de hantise. Si le film flirte avec les codes classiques du film d'exorcisme, il s'attarde particulièrement sur les démons intérieurs d'Ebony, accentuant les pressions sociales et économiques qui pèsent sur elle. Cette double lutte, entre le surnaturel et la réalité crue, confère au film une dimension sociale rarement vue dans ce type de récit.

    Inspiré de l'affaire de Latoya Ammons ou également connue sous le nom de Demon House en 2011.

    The Deliverance, un film écrit par Lee Daniels, David Coggeshall et Elijah Bynum ; réalisé par Lee Daniels avec Andra Day, Glenn Close, Mo'Nique, Caleb McLaughlin...

    The Deliverance
    The Deliverance
    Sortie : 30 août 2024 | 1h 51min
    De Lee Daniels
    Avec Andra Day, Glenn Close, Anthony B. Jenkins
    Spectateurs
    1,8
    Voir sur Netflix

    C’est avec qui ?

    Le casting de The Deliverance est porté par des talents de premier ordre. Andra Day, déjà saluée pour son rôle dans Billie Holiday, une affaire d'état, incarne Ebony avec une intensité bouleversante. C'est une mère célibataire qui s'efforce d'élever trois enfants – les adolescents Shante (Demi Singleton), Nate (Caleb McLaughlin, alias Lucas dans Stranger Things) et le jeune Dre (Anthony B. Jenkins) – quasiment sans argent et avec des nerfs à vif depuis longtemps. Elle est séparée de son mari, militaire en Irak.

    Habituellement, l'héroïne d'un film d'horreur est une innocente assiégée par des forces démoniaques. Mais avant que le film n'aborde la question de la possession, il se concentre sur les démons d'Ebony : sa tendance à frapper ses enfants et à s'en prendre, d'une manière méchante et pleine de rage, à tous ceux qui cohabitent avec elle, y compris le diable.

    Elle est entourée de Glenn Close, qui livre une performance magistrale dans le rôle de Berta, la mère d'Ebony. Dans un rôle à contre-emploi, Glenn Close parvient à capturer la complexité d'une femme tiraillée entre ses croyances religieuses et son passé tumultueux. Elle aussi a été loin d'être une mère exemplaire. Elle aussi sait envoyer des flèches empoisonnées, tout en citant Jésus à tout-va, en se battant contre un cancer et en continuant à draguer des hommes noirs plus jeunes qu'elle.

    Enfin Mo'Nique – qui avait déjà joué pour Lee Daniels dans Precious – joue Cynthia, une femme peu aimable des services sociaux qui suit la famille Jackson à la trace après avoir constaté les divers manquements d'Ebony.

    2024 Caesar Film LLC
    Glenn Close

    Ça vaut le coup d'œil ?

    Avec The Deliverance, Lee Daniels s’essaie à un nouveau genre, celui de l'horreur, tout en y apportant sa touche personnelle. Connu pour des films tels que Precious, The Paperboy ou Le Majordome, il explore ici la notion de possession démoniaque sous un angle profondément humain et social.

    Ebony est une femme seule avec trois enfants à charge et une mère malade, dont le tempérament lui a valu d'être emprisonnée, et qui lutte contre l'alcool. C'est une mère qui a parfois été rabaissée à la méchanceté. Elle est aussi très protectrice, déchaînant sa colère d'enfer sur un adolescent tyrannique du quartier.

    Ce que Daniels veut nous faire comprendre, c'est qu'Ebony est un relais des forces d'oppression – économiques et raciales – qui ont marqué sa vie et l'ont transformée en une cocotte-minute sous pression au quotidien. Le film ne lui cherche pas d'excuses, mais il nous montre que ses démons se confondent avec ceux de la société.

    Aaron Ricketts/Netflix
    Andra Day

    C'est ce portrait de famille et cette peinture sociale que The Deliverance nous propose dans ses deux premiers tiers et ils sont particulièrement réussis. Car on comprend bien que Lee Daniels nous offre un portrait poignant d'une Amérique souvent ignorée : celle des familles noires et pauvres.

    Avec une Glenn Close qui détonne au milieu : complètement immergée dans cette communauté noire, maquillée comme une voiture volée, perruquée, moulée dans des jeans serrés et très portée sur la gent masculine afro-américaine.

    Le duo Andra Day et Glenn Close fonctionne à merveille. Elles sont tout simplement éblouissantes, chacune apportant une profondeur et une humanité indéniables à leurs personnages. Leurs prestations sont sans doute ce qui rend le film si captivant, malgré ses quelques faiblesses.

    Netflix
    Anthony B. Jenkins

    Le Diable est dans les détails (ou pas)

    Car le film perd de sa puissance dans son dernier tiers, lorsque l'exorcisme prend toute la place. Alors que l'intrigue bascule vers le surnaturel pur, la tension diminue et les éléments horrifiques se révèlent moins efficaces.

    Le spectateur se retrouve face à un exercice de style où la peur du surnaturel est éclipsée par une réalisation trop explicite. La terreur réside souvent dans l'invisible et ce que l'esprit imagine quand il est poussé dans ses retranchements.

    Ce passage, bien que visuellement impressionnant, manque de l'impact émotionnel que le reste du film avait su instaurer. Il est difficile de ne pas faire la comparaison aussi avec L'Exorciste de William Friedkin, un classique du genre dans sa capacité à susciter la terreur en montrant certes quelque chose d'invraisemblable mais qui reste inégalé.

    The Deliverance est une œuvre hybride, oscillant entre un drame social poignant et un film d'horreur plus conventionnel. Malgré un dernier acte qui s'essouffle, le film mérite d'être vu pour ses prestations remarquables et sa manière de traiter la possession démoniaque sous un angle résolument personnel et critique. Lee Daniels nous rappelle que les vrais démons ne sont pas toujours ceux que l’on imagine.

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