1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation, menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…
C'est peu dire que l'on avait pas vu la claque venir à l'époque. En 2015, l'inconnu Robert Eggers, qui avait jusque-là travaillé comme designer pour le cinéma et la télévision et avait signé deux courts métrages audacieux (Hansel & Gretel et The Tell-Tale Heart), dégoupillait un premier long métrage brillant et intelligent. Un film d'épouvante qui prend comme toile de fond historique l'Amérique du Nouveau Monde et ses premiers colons protestants venus d'Europe, profondément pieux.
Une sorte d'ébauche fictive et terrifiante, comme les prémices, de ce qui donnera un demi siècle plus tard l'affaire des procès des sorcières de Salem, qui entraînèrent l'arrestation d'une centaine de personnes et l'exécution de quatorze femmes et de six hommes. Et fut la chasse aux sorcières la plus importante de l'histoire de l'Amérique du Nord.
Avant de s’illustrer devant la caméra de M. Night Shyamalan dans Split et Glass, avant le triomphe du formidable Jeu de la dame, l’actrice Anya Taylor-Joy crevait l'écran en décrochant son premier rôle dans le film d'Eggers, sous les traits de Thomasin, la fille aînée de cette famille qui ne tarde pas à se décomposer.
Formidablement photographié, tirant partie d'une mise en scène à la fois élégante et épurée, porté à bout de bras par l'actrice, Robert Eggers distille dans son oeuvre une atmosphère aussi oppressante que glaciale et empoisonnée comme un mauvais rêve. Sans se départir d'une dénonciation d'une Amérique puritaine qui n'en a toujours pas fini avec ses vieux démons.
Un film d'épouvante supérieurement intelligent, à voir ou revoir sur Netflix !