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    Un des pires démarrages de tous les temps : sorti en 2016, ce film a été éjecté des cinémas au bout de 15 jours
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    C'est peu dire que la franchise cinématographique "Transformers", issue d'une ligne de jouets, est devenue la martingale milliardaire de son fabriquant, Hasbro. Et puis, à côté, il y a des ratages industriels d'envergure...

    C'est peu dire que les dernières décennies ont profondément changé la physionomie de l'exploitation des films en salle. Combien de temps un film reste à l'affiche au cinéma ? La question est complexe. Parce que la réponse dépend de plusieurs facteurs. En règle générale, un film reste à l'affiche pendant 4 à 6 semaines (même si c'est devenu de moins en moins vrai dans les faits), mais cette durée peut s'étendre jusqu'à 3 mois pour les blockbusters populaires.

    Un triomphe absolu en salle sera évidemment susceptible de rester longtemps en haut de l'affiche, d'autant que s'il réalise de très bonnes performances au box office, il sera selon toute vraisemblance projeté dans davantage de salles encore, et donc avec un nombre de copies plus élevé qu'au départ.

    C'est aussi lié aux décisions des exploitants de salle, qui gèrent la programmation de leurs cinémas, mais aussi lié aux contraintes des fenêtres d'exploitation imposées par la chronologie des médias. Bref, un joli casse-tête.

    Aux Etats-Unis, la logique est devenue absolument impitoyable; les studios n'ont plus aucun état d'âme. Comme le sort du film The Bikeriders de Jeff Nichols, sorti en juin chez nous et aux Etats-Unis. Estimant son démarrage beaucoup trop poussif, son distributeur local décidait de le rendre disponible sur plateforme streaming dix jours à peine après sa sortie en salle.

    Le dernier exemple en date est encore plus frais : Borderlands. D'ores et déjà considéré comme un des plus gros flops de l'année au box office, son distributeur Lionsgate a décidé de le balancer en streaming dès la fin du mois d'août aux Etats-Unis...

    Des hologrammes qui rendent aveugle

    Hasbro, ce n'est pas n'importe quelle société. Avec un chiffre d'affaire de plus de 5,86 milliards de $ en 2022, ce mastodonte est notamment connu pour ses jouets de marques Playskool, Mon Petit Poney, G.I Joe, les robots Transformers, ainsi que pour ses célèbres jeux de société (Monopoly, Scrabble, Cluedo, Touché - Coulé…). L'adaptation au cinéma de sa ligne de jouets Transformers est d'ailleurs devenue une martingale milliardaire pour le fabriquant.

    En 2009 la division Hasbro Studios est créée. Son but ? Capitaliser sur les licences maisons à la TV, dans les séries et films animés sortant directement en vidéo. La firme met aussi sur pied Hasbro Films, qui négocie directement avec les Majors pour les adaptations de leurs franchises sur grand écran dans des films Live, qu'elle coproduit désormais, via la filiale Allspark Pictures.

    C'est ainsi que le projet d'adapter Jem et les hologrammes fut mis sur pied. À l'origine, Jem et les Hologrammes est une série d'animation, diffusée à la télévision de 1985 à 1988 et créée dans le but de promouvoir de nouvelles poupées mannequins. Le film de Jon M. Chu est donc une adaptation du programme ; le réalisateur a toutefois décidé de réaliser un prequel en prises de vue réelles, opté aussi pour une approche plus "réaliste" et plus éloignée de la série originale (comprendre : contemporaine).

    Universal Pictures

    Sorti en octobre 2015 aux Etats-Unis (et en avril 2016 chez nous), Jem et les hologrammes a été un désastre dans des proportions bibliques. Sorti au pays de l'oncle Sam sur une combinaison de 2417 écrans, il n'a rapporté que 2,18 millions $ sur le territoire. A l'international ? C'est encore pire : pas même 150.000 $.

    Il a connu le pire démarrage de 2015 pour un film de studio, et c'est l'un des pires démarrages de tous les temps au box office pour un film diffusé sur plus de 2000 écrans. Un résultat si catastrophique que son distributeur, Universal, a préféré mettre fin à son supplice en le retirant des salles au bout de 15 jours à peine.

    "Les chaînes de cinéma sont contractuellement tenues de conserver un film pendant deux semaines après sa réservation. Cependant, durant toute ma carrière d'analyste, je n'ai jamais vu un studio arrêter de produire des rapports après deux semaines. C'est sans précédent et cela montre à quel point ce film a échoué" commentait un expert au micro du site spécialisé Business Insider.

    Modeste consolation : avec un budget de 5 millions de dollars couplé à un budget promotionnel tout aussi modeste, Universal n'a fort heureusement pas plombé ses comptes...

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