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    Personne n'a vu ce film de science-fiction : 7 ans avant Barbie, il devait pourtant être le premier succès cinéma de Mattel
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Sorti dans l'indifférence générale en 2016, gros échec au box office, le film de science-fiction "Max Steel" devait mettre sur orbite la licence de jeux - jouets de la firme Mattel. C'est l'inverse qui s'est produit...

    C'est peu dire que les dernières décennies ont profondément changé la physionomie de l'exploitation des films en salle. Combien de temps un film reste à l'affiche au cinéma ? La question est complexe. Parce que la réponse dépend de plusieurs facteurs. En règle générale, un film reste à l'affiche pendant 4 à 6 semaines (même si c'est devenu de moins en moins vrai dans les faits), mais cette durée peut s'étendre jusqu'à 3 mois pour les blockbusters populaires.

    Un triomphe absolu en salle sera évidemment susceptible de rester longtemps en haut de l'affiche, d'autant que s'il réalise de très bonnes performances au box office, il sera selon toute vraisemblance projeté dans davantage de salles encore, et donc avec un nombre de copies plus élevé qu'au départ.

    C'est aussi lié aux décisions des exploitants de salle, qui gèrent la programmation de leurs cinémas, mais aussi lié aux contraintes des fenêtres d'exploitation imposées par la chronologie des médias. Bref, un joli casse-tête.

    Aux Etats-Unis, la logique est devenue absolument impitoyable; les studios n'ont plus aucun état d'âme. Dernier exemple en date, le film The Bikeriders de Jeff Nichols, sorti en juin chez nous et aux Etats-Unis. Estimant son démarrage beaucoup trop poussif, son distributeur local décidait de le rendre disponible sur plateforme streaming dix jours à peine après sa sortie en salle...

    Max Steel, le flop coproduit par Mattel

    En matière de carrière en salle digne d'une météorite, l'exemple qui suit se place là. Connaissez-vous ou avez-vous vu le film Max Steel ? On imagine que non, comme l'écrasante majorité des spectateurs...

    L'insolent succès de la marque Hasbro et ses jouets adaptés au cinéma comme Transformers ou G.I. Joe a férocement aiguisé les appétits chez les firmes concurrentes. Comme Mattel justement, qui nage dans des rivières de dollars depuis le carton planétaire de sa licence Barbie, adaptée par Greta Gerwig.

    En développement actif depuis 2009 chez Paramount et basé sur une ligne de jouets, la mise sur pied de Max Steel n'a alors jamais décollé, si bien que les droits sont revenus dans le giron de Mattel. En 2013, celle-ci créa une division, baptisée Playground Productions, chargée de phosphorer sur les adaptations de ses licences sur petit et grand écran. Le développement d'un film Max Steel fut réactivé, de même qu'une série TV.

    Open Road Films

    L'histoire ? Le destin de super-héros d'un ado, Max McGrath. Lorsqu'il découvre que son corps peut générer l’énergie la plus puissante de l’univers, il doit se lier au seul être capable de la contenir : un mystérieux extraterrestre techno-organique nommé Steel. Unis comme le super-héros Max Steel, les deux amis doivent combattre une menace extraterrestre et percer les secrets de leur passé...

    Financé pour 20 millions de dollars, le film bénéficia en outre d'un budget marketing de 14,5 millions $. Déboulant en octobre 2016 sur 2034 écrans américains, visant initialement un classement PG mais écopant d'un PG-13 (Accord parental recommandé, film déconseillé aux moins de 13 ans), sa carrière a été un désastre absolu.

    Pour son premier week-end d'exploitation, il n'a rapporté que 2,18 millions $. Une des pires performances jamais vues pour un film pourtant projeté sur une combinaison de plus de 2000 écrans.

    Dès la seconde semaine, ses entrées se sont effondrées de plus de 68%, pour ne ramasser piteusement que 680,000 $ supplémentaires. La troisième semaine ? Encore une baisse de 82% de sa fréquentation. Le coup de grâce, qui a éjecté le film des salles.

    Bilan des courses : 6,2 millions $ de recettes pour son exploitation au box office mondial. C'est dire la vigueur de la gifle. Deux mois et demi plus tard, il a déboulé sur le marché de la Home Video aux Etats-Unis. En France, il ne sortira que quatre ans plus tard, directement en vidéo à la demande et en DVD.

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