Comment jouer Louis XVI et Marie-Antoinette d'une manière unique ? La tâche n'est pas si simple. Au cinéma, le roi et la reine de France ont été interprétés à de nombreuses reprises. Vingt-six fois pour le premier et plus d'une quarantaine pour la seconde, ressuscitée aussi bien par Kirsten Dunst que Diane Kruger en passant par Ursula Andress.
Avec Le Déluge, film de Gianluca Jodice présenté au Festival de Locarno, Guillaume Canet et Mélanie Laurent ont eu l'avantage de raconter une histoire que peu connaissent : l'emprisonnement de la famille royale à la Tour du Temple jusqu'à leur exécution par guillotine place de la Concorde à quelques mois d'intervalle.
Ce drame historique donne à voir une représentation rare de deux derniers souverains. Louis XVI y apparaît plus pathétique et vulnérable que jamais, tandis que Marie-Antoinette n'a jamais été plus démystifiée que dans ce film.
"On n'avait même pas besoin de voir le travail des autres parce que le scénario commence là où tous les autres se sont arrêtés", lance Mélanie Laurent. "Pour une fois, il n'y a aucun décor de Versailles, poursuit Guillaume Canet. Il n'y a pas la cour, il n'y a pas les gens autour, il n'y a qu'eux. Et on leur enlève leurs proches et on les sépare eux-mêmes."
Une fat suit et des prothèses
À l'écran, les deux acteurs sont transformés. Guillaume Canet porte une fat suit - terme pour désigner une combinaison rembourrée - et plusieurs prothèses au visage. "C'était très inquiétant au départ, admet-il. J'avais peur de ne pas pouvoir bouger mon visage suffisamment pour exprimer des choses et d'être caché derrière ce masque."
Tous les matins, l'acteur avait quatre heures de maquillage pour se glisser dans la peau de Louis XVI. Une heure et demie était nécessaire pour tout enlever chaque soir. Sans parler de la chaleur des nombreuses couches du costume. "On avait un chef costume [Massimo Cantini Parrini, ndlr] qui était très précis sur tout ce qu'il fallait porter, fait savoir Mélanie Laurent. Même ce qu'on ne voyait pas en dessous, il fallait le mettre."
Des couches à n'en plus finir
Au total, l'actrice portait près d'une dizaine de couches - trois nuisettes, le corset, la jupe, la crinoline [un sous-vêtement qui donne une structure à la robe, ndlr], un jupon, une autre jupe en soie et deux autres couches supplémentaires. Mais pour Mélanie Laurent, le plus difficile était de garder l'équilibre avec le poids de la perruque.
"Marie-Antoinette était très connue pour avoir changé beaucoup de choses dans la mode de l'époque, explique-t-elle. Elle faisait des structures de perruques complètement folles. C'est elle qui a fait changer la taille des portes à Versailles, parce que sinon ça ne passait. Les perruques étaient tellement grandes que des souris pouvaient s'y cacher."
"Sur le plateau, avec le chapeau et la perruque, sans oublier le corset, ma tête partait très vite sur les côtés. C'était vraiment très lourd, mais à la fois si agréable, détaille Mélanie Laurent avant d'ajouter, le sourire en coin : Les films d'époque, j'adore ça, je n'en ai pas fait assez."
Propos recueillis par Thomas Desroches, à Locarno, le 8 août 2024.
Le Déluge, prochainement au cinéma.