Ça parle de quoi ?
Dans les années 80, le seul endroit de Hong Kong où la Loi Britannique ne s’appliquait pas était la redoutable Citadelle de Kowloon, une enclave livrée aux gangs et trafics en tous genres.
Fuyant le puissant boss des Triades Mr. Big, le migrant clandestin Chan Lok-kwun se réfugie à Kowloon où il est pris sous la protection de Cyclone, chef de la Citadelle. Avec les autres proscrits de son clan, ils devront faire face à l'invasion du gang de Mr. Big et protéger le refuge qu'est devenue pour eux la cité fortifiée.
Hong Kong Fou Fou
Le 12 juillet 2023, alors que Tom Cruise effectuait enfin les cascades de Mission : Impossible 7 sur grand écran et que Barbie et Oppenheimer s'apprêtaient à retourner le box-office, un polar hong-kongais interdit aux moins de 16 ans se faisait remarquer dans nos salles.
Précédé d'une réputation flatteuse acquise dans les festivals de Berlin et Reims (où il a remporté le Prix de la Critique), Limbo n'est certes sorti que sur 96 copies, et a attiré 51 254 spectateurs. Mais combien, parmi eux, ont été durablement marqué par cette histoire de tueur en série qui suinte la saleté (effet renforcé par son noir et blanc puissant), au point d'espérer voir au plus vite le prochain film de son réalisateur Soi Cheang ?
Bonne nouvelle : les salles françaises font coup double en cet été 2024 ! Depuis le 17 juillet avec l'étrange Mad Fate, autre histoire de tueur de femmes, mâtinée de possession cette fois et qui s'autorise toutes les ruptures de ton. Et, aujourd'hui, avec ce City of Darkness, présenté hors-compétition au dernier Festival de Cannes.
S'il y a encore un peu de thriller, c'est l'action qui prédomine dans cette histoire de famille, de gangs et de vengeance sous forme de huis-clos à ciel ouvert, la quasi-totalité du récit étant circonscrite à la Citadelle de Kowloon, coupée du reste de Hong Kong, donc de la Loi Britannique alors en vigueur.
Mais plus pour très longtemps, car City of Darkness se déroule pendant les années 80, au moment où l'annonce de la rétrocession de l'île à la Chine par la Grande-Bretagne est annoncée.
L'intention du film est alors claire : rendre hommage à tout un pan du cinéma d'action hong-kongais. Celui de l'avant-rétrocession, plus libre et plus fou, dont il convoque quelques légendes (Sammo Hung et Louis Koo en tête), pour raconter sa fin autant que ressusciter son esprit. Avec d'impressionnantes scènes de combat, à la lisière du fantastique, où le réalisateur ne paraît pas contraint par l'exiguïté des lieux, tout en verticalité.
Inventif, virtuose, généreux
Inventif et virtuose lorsqu'il s'agit de faire parler les pieds et poings (ou pour mettre en images l'expression "se faire soulever"), le long métrage l'est un peu moins en matière de narration, et le spectateur pourra se perdre dans ces flashbacks et autres liens familiaux qui se dévoilent au fur et à mesure. De là à faire la fine bouche ? Pas du tout.
Car City of Darkness se révèle généreux sur tous les plans. Parfois trop. Mais qui pourra le lui reprocher, tant il cherche constamment à ce que le public en ait pour son argent ? Son dernier long métrage a d'ailleurs le même défaut que le précédent, Mad Fate. Mais il prouve que Soi Cheang est un cinéaste imprévisible. Qui signe aujourd'hui le film d'action le plus percutant de l'été.