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    Entre drame et épouvante, laissez-vous charmer par cette pépite, en salle cette semaine !
    Isaac Barbat
    Isaac Barbat
    -Rédacteur ciné-séries
    Biberonné aux films de genre dès son plus jeune âge, amoureux des monstres et de l'hémoglobine, ses excursions cinématographiques le mènent parfois jusqu'à Truffaut ou Duvivier… pour son plus grand plaisir !

    Premier long-métrage du réalisateur argentin Juan Sebastian Torales, Almamula confond religion et légendes urbaines pour aboutir à une captivante chronique de l’adolescence et de ses bouleversements. Une pépite à découvrir dès maintenant au cinéma.

    Almamula, à découvrir au cinéma

    À Santiago del Estero, au nord de l’Argentine, le jeune Nino (Nicolas Diaz) est régulièrement victime d’actes homophobes de la part des jeunes de son âge qui le trouvent efféminé. Afin de le protéger, sa mère, très croyante, emmène toute la famille à la campagne pour les vacances d’été.

    Almamula
    Almamula
    Sortie : 7 août 2024 | 1h 34min
    De Juan Sebastian Torales
    Avec Nicolás Díaz (II), Martina Grimaldi, Maria Soldi
    Presse
    3,5
    Spectateurs
    3,0
    Séances (12)

    Mais la forêt près de la maison a la réputation d’être hantée par l’Almamula, un monstre qui, selon la légende, enlève tous ceux qui commettent des péchés charnels. Alors qu’il assiste aux leçons de catéchisme en préparation de sa confirmation, Nino se sent étrangement attiré par la forêt maudite.

    Copyright Outplay Films

    Une bouleversante chronique de l’adolescence…

    Confronté quotidiennement aux brimades et moqueries de ses camarades, Nino s’isole de ses pairs pour adopter une position d’observateur du monde qui l’entoure, en quasi-voyeuriste. Des amis de sa sœur aînée batifolant dans la piscine au mutique Malevo (Beto Fragola), homme à tout faire galbé attirant l’attention des femmes, le regard curieux de Nino épie son entourage de biais, dissimulé derrière ses épaisses lunettes.

    Copyright Outplay Films

    Incarné par Nicolas Diaz, le frêle et curieux garçon entraîne les spectateurs d’Almamula dans ses errances sylvestres et mentales, jusqu’aux frontières de l’onirisme. Une métaphore subtile de l’adolescence et de ses égarements identitaires et moraux.

    Face à sa sexualité, une problématique naissante à son jeune âge, Nino est confronté à la culpabilité constante du cadre religieux par lequel il est entouré.

    Il y a toujours un certain progrès avec le passage du temps, explique le réalisateur Juan Sebastian Torales, mais je pense que cette histoire pourrait même se passer aujourd’hui. En fait, cela se passe encore. Pas seulement en Argentine. Des gens se font encore tuer parce qu’ils sont gays. [...] Nous sommes toujours considérés comme des demi-personnes, des demi-hommes.

    Chargé d’un sous-texte politique et moral fort, Almamula questionne constamment le rapport aux croyances, notamment chez les adolescents en quête de repères. Pour autant, le long-métrage de Juan Sebastian Torales ne s’arrête pas à la foi religieuse.

    … traversée de croyances, plus ou moins rassurantes

    Après Grave, Le Règne animal ou plus récemment Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, l’adolescence et ses bouleversements sont une nouvelle fois au cœur d’un film fantastiques aux accents quasi-horrifiques, particulièrement adaptés aux récits initiatiques.

    La puberté est un film d’horreur, se justifie le réalisateur. Elle devient ce monstre avec des poils et des boutons (rires). Vous changez, vous sentez que vous devez défier vos parents et vous avez l’impression de ne craindre rien ni personne. Et parce que vous êtes sans peur, vous vous retrouvez dans des situations dangereuses. Donc oui, c’est un film d’horreur, en effet.

    Si le genre de l’épouvante se prête particulièrement à la métamorphose adolescente, c’est un autre élément qui tient lieu de point de tension horrifique dans le long-métrage de Juan Sebastian Torales : l’Almamula.

    Légende urbaine particulièrement vivace dans le nord de l’Argentine, l’Almamula est décrite comme une monstrueuse créature équestre, parcourant les forêts et montagnes en faisant tinter ses chaînes, pourchassant les pécheurs sans relâche.

    Copyright Outplay Films

    Malgré l’emprise psychologique de cette légende sur sa région et les ouvriers qui y vivent, Nino semble étrangement attiré par elle, comme désireux de subir sa punition. Confronté à la pensée chrétienne qui diabolise l’homoérotisme constamment ressenti par le jeune homme, l’Almamula, qui plonge pourtant le film dans un climat d’épouvante permanent, fait finalement office de délivrance.

    Je pense que cela va être un peu dur, mais de mon point de vue, toute forme de religion ou d’idéologie politique, de dogmes ou quoi que ce soit qui conditionne le comportement humain n’est pas une bonne chose. Almamula est un film dans lequel ses personnages luttent constamment pour un idéal. Ils utilisent cela comme un bouclier parce qu’ils ont peur, car sans cette protection, ils ne savent pas comment être heureux. Par conséquent, ils s’accrochent à la religion, à tout ce qu’ils ont, se déconnectant ainsi de ce qui se passe réellement.

    Passionnant récit initiatique, confrontant les croyances jusqu’à la frontière du mystique et de l’horrifique, Almamula est à découvrir au cinéma cette semaine.

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