Mon parfait inconnu, au cinéma cette semaine
Ebba (Camilla Godø Krohn), jeune femme solitaire de 18 ans, travaille dans le port d’Oslo. Un soir, elle découvre à terre un homme d’une grande beauté (Radoslav Vladimirov), blessé à la tête. Se rendant compte qu’il est atteint d’amnésie, elle lui fait croire qu’ils sont amants et leur construit un univers bâti sur le mensonge. Mais progressivement, Ebba comprend que les pires tromperies ne viennent peut-être pas d’elle…
Copyright Pyramide Distribution
“Il n’a jamais été question de la juger”
Dans la droite lignée de Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier et Sick of Myself de Kristoffer Borgli, le cinéma norvégien continue d’explorer toute la complexité de la figure féminine moderne avec Mon parfait inconnu, de la cinéaste Johanna Pyykkö. Après plusieurs courts-métrages, dont The Manila Lover, projeté au festival de Cannes en 2019, la réalisatrice signe avec ce projet son premier long-métrage.
Au centre de Mon parfait inconnu, le personnage trouble d’Ebba, dont la décision d’abuser de la faiblesse d’un homme pour créer avec lui un quotidien artificiel et donner vie à ses fantasmes est plus qu’égoïste et contestable. Pourtant, Ebba n’est pas réellement traitée comme une antagoniste, mais plutôt comme la représentation d’une génération en perte de repères, prête à tout pour se conformer à la vie vendue par les réseaux sociaux.
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Pour Johanna Pyykkö, cette jeune fille n’a rien de foncièrement mauvais, mais reflète les angoisses d’une société toute entière, où la solitude est souvent perçue comme une tare : “Il n’a jamais été question de la juger, explique la cinéaste. Je voulais qu’elle porte des sujets de mon époque que je remets en question et qui m’intriguent. Au début de la conception du film, j’ai ressenti beaucoup d’émotions différentes pour les personnages, mais l’histoire n’est devenue intéressante à mes yeux que lorsqu’on a dépassé cet aspect, pour aborder d’autres questions.”
Dans ce rôle de jeune marginale tout en ambiguïté, pleine de caractère et d’angoisses, la très jeune Camilla Godø Krohn fait preuve d’une nuance hors du commun et parvient à inspirer autant d’empathie que de répulsion, mais surtout à catalyser nombre de problématiques sociales contemporaines. Une performance d’autant plus impressionnante qu’il s’agit de sa première à l’écran.
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“Nous avons vu plus de 700 candidates, raconte Johanna Pyykkö. Camilla a étudié l’art dramatique au lycée, elle n’a pas beaucoup d’expérience, c’est son premier film.
Dans la vie, elle est très différente du personnage. Elle a dû beaucoup travailler à la fois sur son langage corporel et sur son état d’esprit. Je lui ai soigneusement expliqué ma vision du personnage : pour certaines scènes, il lui fallait un peu de temps, pour d’autres, c’est allé très vite parce que c’est une jeune femme très intelligente. Les scènes étaient écrites de manière très détaillée avec parfois la mention de ce que pense Ebba et elle a su utiliser tout ça. Elle a aussi pu, comme moi, s’inspirer des femmes qu’elle a croisées. Je suis d’autant plus satisfaite que le personnage, souvent saisi en gros plan, doit rester impénétrable.”
Mon parfait inconnu, de Johanna Pyykkö et avec Camilla Godø Krohn, est à découvrir dès maintenant au cinéma.
