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    “Coluche m’a planté là” : les confidences amères de Jean-Marie Poiré sur l’acteur de Tchao Pantin
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Dans sa récente autobiographie, le réalisateur Jean-Marie Poiré ("Les Visiteurs") n'a pas que de bons souvenirs avec Coluche, qu'il souhaitait engager pour l'une de ses comédies.

    Après le tournage et le succès de Papy fait de la résistance, Jean-Marie Poiré prépare "Le Baroudeur", une comédie policière dans laquelle un homme seul lutte contre une mafia basée à Bangkok, et qui contrefait des bérets basques ! Co-signé avec son amie Josiane Balasko, le projet n'est pas totalement écrit, car Poiré souhaite déjà avoir l'aval d'un comédien avant d'aller plus loin.

    Pierre Richard refuse le rôle, Jugnot, qui sort lui aussi de Papy fait de la résistance, n'est pas assez connu selon le producteur Alain Poiré, père de Jean-Marie, et le projet lui passe sous la moustache. Le réalisateur pense alors à proposer le rôle du baroudeur à Michel Colucci dit Coluche, qui vient de tourner La Femme de mon pote et travaille avec Claude Berri sur Tchao Pantin. Le rendez-vous est pris.

    Une ambiance "Le Parrain"

    Coluche (Tchao Pantin) Pathé
    Coluche (Tchao Pantin)

    Le réalisateur et l'acteur doivent se retrouver dans la boîte de nuit des Bains Douches. Sur place, le réalisateur retrouve Ludovic Paris et Didier Lavergne, coiffeur et maquilleur de Coluche, que Poiré avait engagé sur Retour en force en 1980 et Les Hommes préfèrent les grosses en 1981. Le comique est présent lui aussi et, selon les mots de Jean-Marie Poiré dans son autobiographie Rire est une fête :

    Michel était assis à califourchon sur une chaise, à l'envers, les mains posées sur le dossier devant lui : 'Claude m'a dit que tu voulais tourner avec moi ?'

    Poiré répond par l'affirmative, complimente l'acteur et lui demande s'il veut tourner lui. La réponse de Coluche : "Tu fais beaucoup de prises ?"

    "Je dois dire que la réponse m'a déplu", écrit aujourd'hui le metteur en scène des Visiteurs. "Ça faisait cossard. Genre : je ne veux pas me faire ch*** non plus'. Il a enchaîné : 'Non parce que Zidi, par exemple, il se prend pas la tête... Il fait pas plus de deux, trois prises !'"

    Après une explication de Poiré que le nombre de prises dépendra de la qualité de jeu du comédien, Coluche l'invite à dîner avec lui aux Bains Douches. Sauf que le réalisateur va vivre une nouvelle déception :

    Coluche dans Pathé
    Coluche dans "Banzaï"

    "En réalité, j'ai dîné en tête à tête avec Didier et Ludo parce que Coluche m'a planté là. Il venait de repérer une minette qu'il n'a pas quittée de la soirée. Ils ont dansé, flirté, bu, puis à nouveau dansé et flirté. En tout cas, il n'a rien mangé et il n'est jamais revenu à la table. C'était vexant."

    (...) Pas un mot, pas un regard, même pas un clin d'oeil ou un sourire. Juste : 'tu n'existes pas'. J'étais horripilé.

    "Le lendemain, j'ai dit à Claude Berri que je n'allais sûrement pas tourner avec un goujat pareil... à moins qu'il ne m'appelle pour s'excuser ! Alors on redeviendra copains, mais je veux que nos rapports soient normaux !"

    "Ah ! M'étonnerait qu'il fasse ça, pas le genre !" lui a répondu le réalisateur-producteur, et Poiré a abandonné. Il tentera de le monter à nouveau avec Gérard Jugnot, qui ne sera pas disponible, déjà parti sur Le Garde du corps avec Jane Birkin. In fine, Le Baroudeur ne verra donc ni Bangkok ni les écrans de cinéma, et restera à jamais dans les tiroirs.

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