Après sept ans d'attente, l'un des plus célèbres "méchants" de l'histoire de l'animation est de retour en salles depuis le mercredi 10 juillet dans Moi, Moche et Méchant 4, une suite très attendue par les fans !
Exit les entrées par effraction, les vols ou encore les kidnapping, Gru est désormais un père de famille modèle et un citoyen utile à la société qui officie en tant que super agent ! Mais ses projets de vie bien rangée se voit bouleverser lorsqu'un ennemi de son passé s'échappe de prison avec la ferme intention de le détruire.
Présenté au Festival d'Annecy 2024 lors d'une séance évènement, le film a été encensé par le public. Pour nous parler de cette suite et de l'avenir des Minions dont le troisième volet sortira le 30 juin 2027 aux Etats-Unis, nous avons rencontré le réalisateur des quatre films : Chris Renaud.
AlloCiné : Vous avez réalisé tous les opus de la franchise. Comment arrivez-vous à renouveler vos idées même après trois films ?
Chris Renaud : Ce qui est merveilleux avec ces personnages, c'est que ce sont des êtres humains qui nous ressemblent. Et dans les films, ils finissent toujours par devoir jongler entre leur vie professionnelle et leur vie de famille, ce à quoi nous pouvons tous nous identifier. À partir de ce postulat, on se demande continuellement quel nouveau défi Gru et ses proches vont devoir relever et quel sera le prochain ennemi qu'ils auront à affronter. Nous trouvons de nouvelles idées de ces deux questions principales. C'est un peu comme un James Bond, d'une certaine manière. On choisit un nouveau méchant, sans jamais mettre de côté la dynamique familiale qu'on a créée.
Dans ce quatrième film, Gru devient un vrai gentil. Comment s'est passée la transition du personnage de super méchant à super agent ?
Dans le premier film, certes, Gru est un méchant, mais il reste sympathique. On se rend compte dès le début qu'il est vulnérable, notamment à travers sa relation avec sa mère qui ne s'est jamais montrée très agréable avec lui. On ressent une réelle empathie pour lui et on devine qu'il a toujours eu un bon fond caché. Mais dans le deuxième film, pour introduire Lucy qui deviendra sa femme, il fallait qu'il reste un méchant pour servir le scénario. C'est véritablement à partir de là que s'est amorcée la transition vers le rôle de gentil. Cela m'a semblé être une évolution naturelle après qu'il soit devenu père, époux, puis citoyen. Je pense que c'est pour ça que les gens l'aiment autant. C'est aussi une façon de maintenir l'intérêt du public pour le personnage. S'il restait le même tout au long de ces quatre films, ça ne serait pas intéressant. Nous changeons tous au cours de notre vie, et Gru n'y fait pas exception.
D'habitude, il y a toujours un antagoniste, mais ici, ils sont deux. Comment vous est venue l'idée de créer un duo de méchants ?
Encore une fois, il s'agit simplement d'essayer quelque chose de nouveau. On a notamment pensé à Bonnie et Clyde. Cette idée d'un tandem de vilains, c'est quelque chose que nous n'avions jamais expérimenté auparavant. Tous les personnages contre lesquels Gru s'est battu agissaient en solitaire. De plus, ce nouveau méchant est un ancien camarade de Gru. Cela nous donne l'occasion de voir un aspect différent de sa vie que nous ne connaissons pas encore.
D'ailleurs, ces méchants arborent toujours un étrange sens de la mode. Est-ce que vous considérez ça comme une sorte de "marque de fabrique" ?
Oui. (rires) Dans la conception des personnages, nous essayons toujours de leur trouver un signe distinctif. C'est aussi le cas pour Maxime Le Mal et sa petite amie, Valentina. Ce sont de vraies fashionista : lui avec sa veste bouffante, et elle, avec son imperméable long. Nous avons toujours essayé de donner un attrait très graphique à nos personnages. Nous les abordons avec une véritable sensibilité, en particulier dans les formes, et le costume vient naturellement dans une seconde étape.
Les Minions sont toujours présents dans ce nouvel opus. Pensez-vous que ce sont des personnages incontournables, même s'ils ont désormais leur propre film ?
Clairement. Les Minions font, en grande partie, le comique de la saga. Puis ils ont suffisamment évolué au fil du temps pour avoir leurs propres films : leur langage s'est enrichi, ils ont chanté des chansons. Ici, ils acquièrent des superpouvoirs. Voici encore un autre aspect pour lequel nous devions trouver de nouvelles idées. Bien sûr, nous reprenons certains éléments déjà utilisés dans les premiers volets, mais nous essayons surtout de trouver de nouvelles façons de les utiliser. Ces petites créatures sont tellement aimées, ce serait inconcevable de ne pas les inclure dans l'histoire.
Les Minions font, en grande partie, le comique de la saga.
Nous voyons Gru devenir le père d'un bébé, mais il a du mal à tisser des liens avec son fils. Était-ce important pour vous d'aborder cet aspect compliquée de la paternité ?
Oui, parce que je pense que le conflit et le contraste sont très souvent au cœur de la comédie. Nous avons d'ailleurs tenté une version où le petit bébé aime Gru et l'imite, mais cela ne nous a pas semblé efficace. Alors nous avons tenu à montrer cette situation que, je suppose, beaucoup de parents et notamment des papas, ont vécu : celle où leur bébé ne supporte pas d'être dans leurs bras. Cela m'a semblé être un bon point de départ. Puis, lorsque le bébé voit son père agir comme un méchant, vous pouvez voir que c'est là qu'ils commencent à tisser un lien. Nous avons abordé la personnalité de ce bébé comme celle que Gru devait avoir étant petit. Il est espiègle. Et avoir cette dynamique au début du film nous permet de faire évoluer leur relation à la fin.
Avec ce bébé, la relève est assurée. Envisagez-vous un cinquième film ?
Pas encore. Je pense que ce groupe de personnages, contrairement à beaucoup d'autres, dans d'autres films, se prête vraiment à différents chapitres de la vie. D'abord, c'était Gru avec trois petites filles. Ensuite, nous avons introduit une mère, puis un proche perdu de vue depuis longtemps. Puis ils ont déménagé, et il y a eu un nouveau bébé. Il y aura toujours d'autres étapes de la vie à aborder avec ces personnages. Nous verrons bien.
Propos recueillis par Manon Maroufi le 13 juin 2024 à l'Hôtel Impérial Palace dans le cadre du Festival International du Film d'Animation d'Annecy.