Ça parle de quoi ?
Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.
3 bonnes raisons de voir Le Comte de Monte-Cristo
Pour beaucoup de spectateurs, la simple présence de Pierre Niney à l'écran suffit pour qu'ils se précipitent dans les salles. Et nul doute que cela devrait se reproduire avec Le Comte de Monte-Cristo, projet le plus physique et ambitieux de sa carrière, dans lequel il se révèle impeccable.
Un long métrage qui sort ce vendredi 28 juin, pile pour la Fête du Cinéma, et dure jusqu'au 3 juillet inclus. Si cela ne vous suffit pas, voici d'autres arguments.
1 - Si vous avez aimé Les Trois Mousquetaires...
Il n'est pas nécessaire d'avoir vu l'un pour voir l'autre, même si l'on se plaît à parler de DCU (Dumas Cinematic Universe). Mais il est bien difficile de ne pas comparer Les Trois Mousquetaires avec Le Comte de Monte-Cristo : parce qu'ils partagent le même auteur, les mêmes scénaristes (Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, ici promus réalisateurs), le même producteur (Dimitri Rassam) et la même ambition de grand cinéma populaire français, autour de nos super-héros hexagonaux.
Et force est de constater que le long métrage avec Pierre Niney fait encore plus enthousiasmant que celui avec François Civil, Eva Green, Vincent Cassel, Romain Duris et Pio Marmaï. Parce que cette histoire de vengeance (racontée en un seul bloc) est plus engageante, romanesque et ensoleillée (malgré la noirceur de certains aspects du récit), et moins complexe.
Plus personnelle aussi pour l'un de ses réalisateurs : père d'Alexandre, Denys de la Patellière avait dirigé une adaptation en série du Comte de Monte-Cristo avec Jacques Weber dans le rôle principal, à la fin des années 70. "J'ai grandi avec ça", nous dit son fils au Festival de Cannes, où le long métrage était présenté hors-compétition en mai dernier.
Le Comte de Monte-Cristo est, pour nous, la meilleure histoire jamais racontée
"Je me souviens, quand j'avais 8 ans, que j'étais sur le plateau de mon père, avec mes yeux de petit garçon, à voir Jacques Weber en Monte-Cristo. Ça m'a profondément marqué et c'est l'un de mes souvenirs d'enfance très fort. J'ai ensuite découvert le roman, vers 16 ou 17 ans, et ça m'a de nouveau marqué. Donc j'ai grandi avec et, quand on est scénaristes, on parle beaucoup d'Alexandre Dumas, qui est un peu le père des scénaristes. L'inventeur du cinéma alors qu'il n'existait pas encore."
"Donc on a énormément parlé avec Mathieu de Monte-Cristo comme d'une forme de référence. Car c'est l'une des meilleures histoires que j'ai lues de ma vie. Mais est-ce que cette expérience avec mon père a joué sur mon destin ? Sûrement !"
"Quand nous avons travaillé sur Les Trois Mousquetaires, nous savions dès le début que ce serait pour Martin Bourboulon", poursuit Matthieu Delaporte. "Et c'est en sortant de cette expérience qu'on nous a demandé si on avait des rêves, des envies. On a évidemment répondu Le Comte de Monte-Cristo qui est, pour nous, la meilleure histoire jamais racontée. C'est complètement incroyable. Quand on nous a dit oui, on s'est précipités pour le faire."
2 - Un divertissement très bat !
Considérant que les personnages d'Alexandre Dumas font partie de nos super-héros français, Les Trois Mousquetaires seraient donc les Avengers. Ou les Quatre Fantastiques. Et Monte-Cristo Batman. Sans l'ombre d'un doute, et pour cause : "Monte-Cristo est la source originale de beaucoup de super-héros", nous explique Pierre Niney.
"Il y a des codes que l'on peut retrouver chez Batman. Cette espèce de Bat Cave, qui était pour nous la Dantès Cave, où il travaille ses masques, ses identités, ses costumes. Il répète avec les jeunes gens qu'il a embarqués dans sa vengeance. Il y a l'idée de quelque chose d'héroïque, mais ce qui est intéressant et dépasse les prototypes de héros américains, c'est qu'il est justicier mais qu'il se substitue à la justice des hommes et de Dieu. Il remplace tous ces repères, les bouscule."
"On est dans la jouissance de la vengeance, jusqu'au moment où l'on se rend compte qu'il n'est peut-être plus justicier, mais en train de devenir un monstre. Ce qui, philosophiquement et symboliquement, est super intéressant : jusqu'où tu peux te venger et que cela reste juste ?"
Il y a dans Le Comte de Monte-Cristo des codes que l'on peut retrouver chez Batman
Des questionnements qui rappellent ceux au coeur de la saga Dark Knight de Christopher Nolan, à laquelle on pense plus d'une fois devant ce Comte de Monte-Cristo, jusque dans la musique. Ou une scène de combat nocturne, brutale à souhait, ainsi que ces plans de Pierre Niney avec un grand manteau qui ressemble à une cape.
Si les réalisateurs ne cachent pas leur admiration pour le cinéma de l'auteur d'Oppenheimer, et reconnaissent que ses images ont pu infuser dans leur esprit, ils affirment ne pas avoir été directement influencés par ses adaptations de Batman, se référant davantage à des opus tels que La Mort aux trousses ("un film très sombre, très noir, mais sous un soleil éclatant"). Mais nul doute qu'il y a, dans le long métrage, une manière de boucler la boucle, faisant écho à l'un des meilleurs opus sur l'Homme Chauve-Souris, dans un récit auquel ce dernier doit beaucoup.
3 - Un max de masques
Parmi les points communs entre Le Comte de Monte-Cristo et Batman, il y a : les masques. Un seul modèle dans le cas de Bruce Wayne, beaucoup plus chez Edmond Dantès. Et c'est, sans conteste, l'une des grandes réussites de ce long métrage, où l'on reconnaît certains traits de Pierre Niney pendant que d'autres sont différents, sans voir les marques du maquillage, qui sont le défaut (et un peu le charme aussi) de bon nombre de films qui en font usage.
Plus encore que les décors et costumes, tous impeccables, ou même cette scène absolument géniale de dîner sous tension, qui ne repose que sur l'écriture et le jeu d'acteur, ce sont les masques qui impressionnent. Ce qui a demandé un gros investissement : "C'est beaucoup de préparation, des mois à l'avance", nous dit Pierre Niney, également à Cannes.
"C'est ce qui m'a le plus servi à construire les personnages. Il fallait que je les voie. Au fur et à mesure des essais maquillages, on revenait plusieurs fois vers ces mêmes personnages, en sachant qu'il y avait quatre à six heures de maquillage pour l'essai d'un seul d'entre eux. Qu'il s'agisse de vieillissement, de grossissement. Et le Comte de Monte-Cristo représentait, à lui seul, à peu près quatre heures de maquillage. On a fait cinq à six essais dans les mois qui ont précédé le tournage."
Vu le rendu à l'écran, le jeu en valait assurément la chandelle. Et on doit ce travail à Pierre-Olivier Persin, qui avait notamment fait le maquillage du Roi de la Nuit dans Game of Thrones. Une pointure donc, et l'occasion pour Pierre Niney de souligner l'injustice de voir les maquilleurs absents des catégories aux César, alors qu'ils sont récompensés aux Oscars et BAFTA Awards.
Le Comte de Monte-Cristo va-t-il permettre du changement en 2025 ? Et également s'immiscer dans quelques catégories ou ce film a grand spectacle réussi aurait sa place ? Réponse l'année prochaine et, en attendant, ce sont près de trois heures d'aventures qui vous attendent au cinéma.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Cannes le 22 mai 2024