De quoi ça parle ? Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.
Qui réalise ?
Le Comte de Monte-Cristo est écrit et mis en scène par le duo Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte, scénaristes sur le lucratif diptyque Les Trois Mousquetaires, adapté d'une autre œuvre de l'écrivain Alexandre Dumas. Le premier explique : "Ce que j’aime passionnément, c’est le prodigieux mélange des genres auquel il est parvenu. Car Le Comte de Monte-Cristo est à la fois un roman d’aventures, un roman d’amour, une tragédie, un thriller, une comédie humaine et politique, et l’interaction de ces genres dégage un souffle tour à tour romantique, drôle, ironique ou effrayant."
"Quant à Edmond Dantès, il échappe à la littérature ; il appartient à la mythologie, à un univers quasiment fantastique. Il y a dans son personnage et son histoire un supplément d’âme, une poésie assez inexplicable."
A noter que Le Comte de Monte-Cristo a fait l'objet d'une trentaine de transpositions sur petit et grand écran. La plus récente, La Vengeance de Monte Cristo avec Jim Caviezel, date de 2002, tandis que la mini-série de Josée Dayan avec Gérard Depardieu reste l'une des plus célèbres. Par ailleurs, le budget du blockbuster est estimé à 43 millions d'euros. A titre de comparaison, Les Trois Mousquetaires D'artagnan avait coûté 36 millions, tout comme sa suite Milady.
Adaptation difficile
L'obsession première d'Alexandre De La Patellière et de Matthieu Delaporte a été de conserver toutes les dimensions de cette fresque littéraire, pour faire vivre au spectateur des émotions très différentes. Les réalisateurs confient : "Voilà pourquoi nous avons réalisé un seul film, et non un dyptique : à l’image du page-turner que constitue le roman, il fallait que toute l’histoire se déroule dans un même laps de temps, que la tension amassée dans la première partie du film trouve son dénouement dans la même œuvre. Impossible de dire au spectateur : sortez du château d’If et revenez dans six mois pour connaître la suite !"
"Le Comte de Monte-Cristo, c’est 1 300 pages en folio, soit entre 3 000 et 4 000 pages d’écriture scénaristique, quand un scénario en compte 140… C’est comme si l’on vous ouvrait une bibliothèque en vous permettant de choisir un seul livre ! Un exercice de gymnastique ultra passionnant mais vertigineux, qui a représenté trois ans d’écriture et de préparation. Une autre difficulté était de rendre crédible l’idée qu’il est possible de ne pas reconnaître quelqu’un qu’on n’a pas vu depuis vingt ans. C’était envisageable à l’époque de Dumas, où la photographie était balbutiante. C’est beaucoup plus difficile pour notre époque saturée d’images."
"D’où notre questionnement initial : doit-on prendre le même acteur pour les deux périodes de sa vie ? Et si on prend le même acteur, comment justifier auprès du public contemporain que personne ne le reconnaisse."
Préparation pour Pierre Niney
Sur ses deux mois et demi de tournage, Pierre Niney a "passé 150 heures assis sur une chaise pour le maquillage" (une séance de transformation physique durait de quatre à six heures). Pour le reste, l'acteur, qui n'avait jamais fait d’équitation pour un film, a suivi une préparation spéciale pour savoir monter. Il se rappelle : "J’ai aussi pris pas mal de cours d’escrime, notamment avec Bastien Bouillon, qui joue Fernand de Morcerf, pour éviter qu’on ne se mette un coup de lame dans l’œil dès la première minute !"
"Je me suis pas mal investi avec les cascadeurs dans ce combat, pour qu’il commence assez proprement et se charge de plus en plus de colère, de rage, avec des coups plus organiques, plus trash. Enfin, pour la crédibilité de la scène d’évasion, j’ai pris des cours d’apnée avec Stéphane Mifsud, champion du monde d’apnée statique pour pouvoir jouer le plan du sac qui coule dans la continuité. C’était sans doute le plus flippant et excitant des défis du film. Être ligoté dans un sac lesté à 15M de profondeur…"
"Il y a un moment où je me suis dit : Est-ce bien raisonnable ? La première réaction de Pathé en recevant les rushs a été « Rassurez-nous : Vous n’avez pas fait faire ça pour de vrai à Pierre ? »."
Qui pour Mercédès ?
Pierre Niney et Anaïs Demoustier avaient joué ensemble dans Sauver ou périr. La comédienne, qui campe Mercédès, explique : "J’avais entendu parler du personnage de Monte-Cristo et de sa soif de vengeance, mais je n’avais pas lu le roman. Découvrir l’œuvre à travers le scénario m’a finalement évité d’avoir à faire mon deuil de l’idée qu’on a inévitablement de l’adaptation d’une œuvre qu’on connaît. J’ai abordé le scénario d’Alexandre et Matthieu comme un scénario classique, en me demandant en quoi cette histoire et le rôle de Mercédès m’intéressaient."
"Sur le moment, je ne l’ai pas associée à un autre personnage, mais en y pensant, elle a quelque chose de la Meryl Streep de Sur la route de Madison. C’est une femme qui porte en elle une forme de résignation, de tristesse, d’acceptation de ce qu’est sa vie au bout du compte. Un thème que je trouve bouleversant."
Références cinématographiques
Côté références visuelles, Alexandre De La Patellière et Matthieu Delaporte citent Le Guépard et Le Parrain, notamment pour l’importance de la couleur. Le premier précise : "Comme Hitchcock qui a tourné son polar La Mort aux trousses dans les paysages éclatants du Midwest, nous avons voulu baigner un film sombre comme Le Comte de Monte-Cristo dans la lumière de l’été, entre le bleu du ciel et celui de la mer, avec l’idée que ce côté étouffant dressait un cadre idéal pour une vengeance. Sans même parler du thème de l’usurpation d’identité, cela nous rapproche aussi de Plein soleil."
Le second ajoute : "J’ai des souvenirs d’enfant très forts de grands films en Technicolor des années 50 et 60, des Chaussons rouges à Lawrence d’Arabie. Pour Monte-Cristo, il me semblait important de revenir à ces images de cinéma flamboyantes qui m’ont procuré un immense plaisir de spectateur."