Après 8 semaines d'exploitation au sommet du box-office, Un P'tit truc en plus a cédé hier soir sa première place ! La comédie d'Artus, qui totalise désormais 7,8 millions d'entrées, n'a pas pu lutter contre le rouleau compresseur Vice-Versa 2, mais a déjà atteint des scores inespérés et est devenu le plus gros succès pour un film français depuis 10 ans, devant La Famille Bélier.
Si le succès est incontesté aujourd'hui, et loin d'être terminé, avec le cap des 10 millions d'entrées déjà acquis selon tous les experts - le film devrait d’ailleurs être boosté ce week-end grâce à la Fête du cinéma, et son ticket au tarif préférentiel de 5 euros, partout en France -, il faut se souvenir que personne n'avait prédit un tel score pour le film.
Quelques jours après la sortie, Artus confessait avoir pour objectif de dépasser L'Arnacoeur, premier long métrage ayant atteint presque 4 millions d'entrées. Mais il ne songeait sans doute pas à un cap aussi élevé que les 10 millions d'entrées que le film devrait atteindre d'ici la fin de l'été.
Un P'tit truc en plus fait partie de ces "success stories" du cinéma, où tout simplement les étoiles sont alignées... après des débuts difficiles pour mettre le projet en chantier.
Un projet d'abord refusé par de nombreux producteurs !
Au fil de la promo qui s'est déroulée ces dernières semaines, Artus n'a pas caché que le chemin a été pavé d'embûches pour aboutir à ce projet. En clair, aucun producteur ne souhaitait se lancer dans cette aventure, pour diverses raisons.
Dans un entretien avec Brut, Artus a expliqué, sans rancune aucune : "Personne n'est venu. Mais tant mieux ! Parce qu'au final, c'est une petite production, un petit distributeur, un petit budget et donc un petit film. Et je trouve que l'histoire est encore plus belle d'écraser les gros blockbusters américains avec un petit film comme ça. (...)
En France, dès qu'on propose quelque chose de différent, souvent les productions ont besoin d'avoir un modèle. Ça ne ressemble à rien d'autre qu'on a fait avant, donc on ne sait pas comment ça va être pris, donc on ne le fait pas."
L'histoire est encore plus belle d'écraser les gros blockbusters américains avec un petit film comme ça.
Et d'ajouter : "Et puis il y a le sujet du handicap qui a dérangé les gens."
Dans le dossier de presse du film, Artus dit clairement que les portes étaient closes en raison du sujet du film : "On s’est heurtés à beaucoup de refus. On a entendu des phrases complètement dingues - "bon, ça va, on sait qu’ils existent, on va pas les montrer non plus"…
C’est affligeant. Ça raconte la peur, le rejet que suscite le handicap, aujourd’hui encore. Mais justement, c’est pour ça qu’il faut aller sur ces sujets-là."
En 2024 on peut encore dire ça ?
Artus ne cache pas avoir été embarrassé par la formulation de certaines refus, entre une productrice qui confie "changer de trottoir" lorsqu'elle croise des personnes en situation de handicap, ou d'autres exprimant même une "peur" !
"Il y a des gens qui m'ont vraiment dit "Non mais on n'a pas envie, moi ils me font peur". J'ai vraiment eu des choses où on se dit "wow". En 2024 on peut encore dire ça ?", a-t-il indiqué sur le plateau de C à vous, à Cannes.
"J'embrasse quand même tous les gens qui ont dit non à ce film, qui m'ont clairement dit : "Personne n'a envie de voir 10 handicapés au cinéma"... Mais on les embrasse ! Changez rien ! 2024 !", lance Artus, plein de malice, dans La Boite à questions de Canal+.
Et de montrer sa persévérance : "Moi, en tous cas, plus on me disait non, plus j’avais envie de faire ce film. Si je ne devais en faire qu’un seul, alors, je voulais que ce soit celui-là."
Une parenté entre Le Huitième Jour et Un P'tit truc en plus
Artus n'a donc rien lâché et a finalement trouvé le soutien de Philippe Godeau, qui, il y a presque 30 ans, s'était déjà engagé sur un film que personne n'a oublié : Le Huitième Jour.
Ce film compte parmi ceux qui ont changé notre regard sur le handicap. Sorti le 16 mai 1996 en France, le film de Jaco Van Dormael, avait enregistré plus de 3,6 millions d'entrées.
"J’avais été fasciné par Le Huitième Jour. A l’époque, je me suis dit : "Ça y est, ça s’ouvre !". Mais la porte s’est refermée aussi sec. J’ai voulu y retourner parce qu’il faut que les choses bougent : les différences sont une force, j’en suis convaincu", explique Artus dans le dossier de presse du film.
"Je pense que de faire un film avec des gens différents tous les 28 ans, ce n'est pas assez, poursuit Artus dans C à vous. Je me suis dit : "Je vais en mettre onze d'un coup". Au moins, on gagne quelques années.
J'espère que ça va faire comprendre aux gens du cinéma que c'est un suet qui intéresse. Intouchables, ça parle du handicap, ça a été un carton. La Famille Bélier, ça parle de handicap, ça a été un carton. Hors normes, ça a été un carton... On a la preuve maintenant que c'est un sujet qui plait, donc allons-y, faisons-les jouer plus !"
Pour mémoire, Le Huitième jour était célébré à Cannes (par Monsieur Francis Ford Coppola !), avec un double Prix d'interprétation pour Daniel Auteuil et le comédien Pascal Duquenne, atteint du syndrome de Down (trisomie 21).
Accueillis en star au Festival de Cannes !
Le point d'orgue symbolique de la carrière d'Un P'tit truc en plus s'est passé il y a un mois pile, avec une montée des marches historique à Cannes, que nous avons eu le privilège de suivre. La joie et l'émotion de toute l'équipe étaient palpables. Assurément une des plus belles montées des marches du Festival de Cannes 2024
"On a vécu les uns sur les autres avec un tel bonheur... Et que ça se finisse comme ça... Il y a un côté conte de fée", se réjouit Clovis Cornillac au micro d'AlloCiné sur le chemin des marches. "On ne pouvait pas rêver mieux", ajoute Artus. "Ils sont sur le toit du monde et c'est fou. Même si ça s'arrête demain, c'est magique. Mais il ne faut pas que ça s'arrête demain."
Jusqu'où ira Un P'tit truc en plus ?
Comme nous l'indiquons ci-dessus, l'objectif des 10 millions d'entrées est à la portée du film, soit un score plus fort que Le Diner de cons par exemple.
Autre objectif, encore plus fou ? Celui d'aller aux... Oscars ! Comme le raconte Paris Match, Artus plaisante en disant : "Si je mets [le panier à 5 millions d'entrées], on a l'Oscar du meilleur film étranger." Et Paris Match ajoute : "Et il l'a mis". Rendez-vous à Los Angeles au printemps 2025 ? Les Etats-Unis sont en tout cas, dores et déjà, intéressés pour faire un remake du film !
"Ce film n’a jamais été pensé, fabriqué, conçu pour être une machine de guerre sur le marché. Et voilà, les gens s’en emparent. Toi, tu as beau jouer dedans, tu es juste témoin du phénomène", conclut Clovis Cornillac auprès du Parisien. Ce qui rend toute cette histoire encore plus belle et incroyable !
Si vous n'avez pas encore vu le film, Un p'tit truc en plus est tout simplement une comédie solaire et touchante. Elle s'inscrit dans les pas d'un film comme Le Huitième jour, et trouve un équilibre entre humour, émotion et surtout une grande bienveillance, qui peut éveiller les consciences.
Un P'tit truc en plus est toujours en salles, et file vers les 8 millions d'entrées à l'heure où nous écrivons ces lignes.