Cinéaste français plébiscité ayant su se faire un nom au sein de l'industrie hollywoodienne, Louis Leterrier a débuté sa carrière de cinéaste sous les auspices de l'écurie Besson en co-signant Le Transporteur, en 2002.
Le succès de sa suite, qui sortira en 2005, fera voyager son nom jusqu'aux Etats-Unis. Marvel lui a alors proposé de réaliser L'Incroyable Hulk. L'heure n'était pas encore à l'insolent succès du MCU et la mise en coupe réglée de cet univers.
"Ils m'ont assuré que ce serait mon projet à moi" confiait le cinéaste dans un entretien fleuve publié dans le magazine Les Années Laser, en octobre 2023. "On ne m'a pas menti : ca été mon film du début à la fin. J'avais certes proposé pour le rôle-titre Mark Ruffalo que j'adorais et que j'ai pu diriger dans Insaisissables mais qui n'était pas assez connu à cette époque, et comme il est ensuite devenu Hulk dans la saga Avengers, ça m'a consolé".
Après ce film, les propositions ont affluées. Déclinant la réalisation d'un film Thor à venir, Louis Leterrier préfère mettre une option sur Le Choc des Titans chez Warner; remake d'un classique sorti en 1981, et ultime contribution artistique d'un maître absolu des effets visuels qui a révolutionné le cinéma, Ray Harryhausen.
"Tu ne parles plus jamais avec lui"
Leterrier s'en est manifestement mordu les doigts, comme il le raconte au magazine. "Dès le départ, ca été la pire expérience professionnelle de ma vie. D'abord, on m'a refusé d'engager Ray Harryhausen, que j'admirai et que j'avais directement contacté pour qu'il conçoive en stop motion la principale séquence avec la chouette Bubo.
Le lendemain, coup de fil de Warner : "Tu ne lui parles plus jamais, on est en procès avec lui". La suite a été tout aussi désagréable. J'ai été contrôlé, bizarrement fliqué, le Studio n'avait pas de vision précise, on n'arrêtait pas de me mettre des bâtons dans les roues, on m'a imposé une conversion en 3D abominable que tout le monde a cruellement démolie à juste titre...
Je me suis senti comme un autre personnage mythologique : Sisyphe, ce malheureux condamné pour l'éternité à hisser en haut d'une montagne un rocher qui ne cesse de redescendre".
Son Choc des Titans ramassera un peu plus de 493 millions de dollars au box office international, pour un film qui en a coûté 125 millions $. Un chiffre pas déshonorant, mais pas non plus triomphant au regard des exigences des retours sur investissements de ces blockbusters hollywoodiens.
Toujours est-il que, vu ce retour d'expérience douloureux, on comprend que Louis Leterrier n'était pas spécialement désireux de rempiler. La Colère des Titans, sorti deux ans plus tard, sera réalisé par le yes man Jonathan Liebesman. Et sera sanctionné au box office, avec à peine 300 millions de dollars récoltés, pour un budget de 150 millions $.