S'il y a bien un cinéaste incarnant mieux que quiconque la cinéphilie la plus absolue, c'est Martin Scorsese. Sa connaissance du cinéma et de ses auteurs est véritablement encyclopédique. Dans ce registre, le cinéma asiatique occupe une place de choix dans les goûts du maître.
Les oeuvres de Kenji Mizoguchi par exemple, dont il vénère Les Contes de la lune vague après la pluie ou L'intendant Sansho. Akira Kurosawa bien entendu, avec Les 7 samouraïs, Entre le ciel et l'enfer ou Vivre. Les oeuvres du maître Yasujirô Ozu, comme Voyage à Tokyo.
Loin de se cantonner à regarder dans le rétroviseur les oeuvres passées, Scorsese est évidemment aussi tourné vers le présent. En témoignage son amour pour un très grand polar horrifique japonais, sorti en 1999 chez nous : Cure, signé par Kiyoshi Kurosawa, qui n'a, pour la forme, aucun lien de parenté avec Akira Kurosawa.
Cure, c'est l'histoire d'un officier de police, Takabe, enquêtant sur une série de meurtres dont les victimes sont retrouvées avec une croix gravée dans le cou. Un jour, un jeune vagabond est arrêté près de l’endroit où a été retrouvé le dernier corps. Il est vite identifié comme un ancien étudiant en psychologie, devenu fou et ayant d’inquiétants pouvoirs hypnotiques, lui permettant de pousser des gens à commettre des actes criminels…
"Cela vous hantera longtemps..."
"C'est l'un des meilleurs films du extrêmement talentueux Kiyoshi Kurosawa. Il est un maître absolu de la lumière, du cadrage et du rythme, et il a tellement de contrôle sur les trois qu'il y a des moments dans ses films où le moindre geste dans le coin du cadre vous fera frissonner le dos" écrivait Scorsese en 2012, dans un billet posté sur le site filmboards.
Il poursuit : "Kurosawa ne fonctionne pas vraiment dans le genre de l'horreur. Ses films sont plutôt remplis d’une étrange terreur. Dans beaucoup d’entre eux, des choses se produisent dont personne ne sait exactement quoi, comment ou dans quel but. La réalité reste intacte, à l'exception d'un ou deux petits détails troublants qui entraînent violence et irrationalité.
Avec Kaïro, qui parle des fantômes sur Internet, Cure est son film le plus effrayant. Il y a des images et des moments effrayants dans ce film qui vous hanteront pendant longtemps, et je devrais probablement dire que ce n'est pas pour les âmes sensibles. Mais soyez courageux, car cela en vaut la peine. Kurosawa est un grand cinéaste".
Vous savez donc ce qu'il vous reste à faire si vous n'avez jamais vu cette pépite. Cure est disponible en VOD, ou sinon dans une récente et belle édition Blu-ray parue chez l'éditeur Carlotta.