Il existe peu d’acteurs aussi triomphants et aussi singuliers que Marlon Brando, l’artiste oscarisé qui a été considéré par le magazine Time comme “l’acteur du siècle” au tournant du nouveau millénaire. Ce sont ses excentricités et son conflit intérieur avec son métier d’acteur, entre dédain et plaisir, qui ont fait de lui un comédien si impassible.
Alors qu’il a incarné plusieurs rôles emblématiques, de Sky Masterson de Blanches colombes et vilains messieurs (1950) à Don Vito Corleone du Parrain (1972), en passant par le colonel Kurtz d’Apocalypse Now (1979), Marlon Brando était aussi réputé pour être quelque peu excentrique.
Parmi les histoires entendues au fil du temps, on peut mentionner le fait qu’il a laissé sa co-star du Corrupteur, Stephanie Beacham, attachée à un lit pendant qu’il est allé déjeuner. Pendant ce temps, toute l’équipe de tournage tentait de défaire les nœuds que Brando avait noués pendant la scène, mais personne n’y arrivait. L’acteur a donc dû être rappelé sur le tournage pour “libérer” sa partenaire ! On peut aussi mentionner la fois où, en discutant de son rôle de Jor-El dans Superman avec le réalisateur Richard Donner, il a déclaré qu’il voulait que son personnage ressemble à une valise verte ou à un bagel…
Une fascination pour… AOL !
Décédé en 2004 à l’âge de 80 ans, il n’a pas eu l’occasion de connaître l’apogée des réseaux sociaux que nous connaissons aujourd’hui mais a tout de même pu profiter des débuts de son épanouissement. En effet, l’acteur avait une obsession surprenante pour les premiers forums de discussion d’AOL, lui qui était fasciné par le fait qu’il pouvait parler à n’importe qui dans le monde et se présenter comme un inconnu.
Comme le révèle le livre Marlon & Greg: My Life and Filmmaking Adventures with Hollywood’s Polar Opposites de Joseph Brutsman : “Il se rendait dans les premiers forums de discussion d’AOL, se faisant passer pour toutes sortes de gens, ravi de pouvoir échanger des points de vue avec ces derniers qui n’avaient aucune idée de qui il était.”
Tri-Star Pictures
Cela a été confirmé dans le livre The Contender: The Story of Marlon Brando de William J. Mann, qui détaille comment le comédien passait des heures en ligne à avoir des disputes politiques avec des inconnus, son compte étant fréquemment banni pour avoir dit à ses correspondants “d’aller se faire foutre”, dans des accès de rage.
S’inscrivant dans le mythe de l’acteur, Marlon Brando avait aussi la réputation d’être l’un des interprètes les plus imprévisibles et difficiles avec qui travailler. Il est par exemple devenu obsédé par l’acteur Nelson de la Rosa, mesurant 71 centimètres, lors du tournage du film L’Île du Dr. Moreau (1996), exigeant que ce dernier devienne son acolyte dans chacune de ses scènes et demandant s’ils pouvaient tous deux porter des vêtements assortis pendant toute la durée du film. Fasciné par son collègue, il a fait la remarque suivante à plusieurs reprises : “Vous me dites qu’il y a un homme là-dedans !?”.
Malgré ces histoires singulières, Marlon Brando reste l’un des plus grands acteurs de tous les temps. Son approche hypnotique du métier était si profonde qu’il est devenu un sage et un exemple à titre posthume pour tout comédien en herbe souhaitant suivre une voie similaire. Ses performances étaient si captivantes et ses méthodes si révolutionnaires que nous ne verrons peut-être jamais quelqu’un d’aussi fascinant que feu Marlon Brando.
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