S'il a commencé au début des années 90, le réalisateur suédois Tomas Alfredson a vu sa carrière mise sur orbite en 2008 avec son formidable film de vampires Morse. Applaudi dans plus d’une trentaine de festivals internationaux et annoncé comme l'un des 10 meilleurs films de l’année, Morse, au budget très modeste, est un véritable succès international.
Lauréat du Grand Prix et du Prix de la Critique Internationale du festival Fantastic’Arts de Gérardmer 2009, il est également nommé à deux European Film Awards dont celui du Meilleur film, ainsi qu'au BAFTA Award du Meilleur film non-anglophone.
Après quatre ans de silence et surtout courtisé par Hollywood, il livre en 2011 un remarquable film d'espionnage, La Taupe, adapté de l'oeuvre de l'auteur maître en la matière, John le Carré. L'occasion pour lui de diriger une sacrée brochette de comédiens, tous impeccables : Gary Oldman en tête, secondé par Mark Strong, John Hurt, Colin Firth, et Tom Hardy.
Ce n'est que six ans plus tard que Tomas Alfredson dégaine un nouveau film, Le Bonhomme de neige. Si Martin Scorsese fut initialement pressenti à la réalisation, ce sera finalement lui qui assurera cette adaptation d’un roman du très fameux auteur de romans policiers Jo Nesbø.
L'histoire a pour personnage principal Harry Hole, un inspecteur de la police d'Oslo qui est présent dans onze romans de Nesbø, dont "Le Bonhomme de neige" est le septième. Cet opus en particulier a propulsé le personnage à un tout autre niveau quand le livre est devenu best-seller de la liste du New York Times, ainsi que le leader des ventes en Grande Bretagne, permettant à son auteur d’acquérir une renommée internationale.
La gifle du box office
Si La Taupe avait largement suscité l'adhésion de la critique et du public, c'est peu dire que le retour de manivelle pour Le Bonhomme de neige a été violent pour Alfredson. En dépit d'un casting costaud (Michael Fassbender dans le rôle-titre, J.K Simmons, Rebecca Ferguson, Val Kilmer, Charlotte Gainsbourg..), le film a été étrillé par la critique. Et n'a pas davantage séduit les spectateurs. Avec un budget de 35 millions de dollars, le film en a à peine rapporté 43. Surprenant qu'un film adaptant un livre de la saga policière de Nesbø ait échoué à ce point.
Alfredson analysera ainsi cet assez cuisant échec, dans le sillage de la sortie de son film, estimant que son récit avait des trous qu'il n'avait pas pu combler, faute d'avoir pu tourner tout ce qu'il avait imaginé.
"Notre temps de tournage en Norvège était bien trop court. Nous n’avions pas toute l’histoire avec nous et lorsque nous avons commencé à faire le montage, nous avons découvert qu’il manquait beaucoup de choses" avait-il confié à la NRK, chaîne TV norvégienne. "C’est comme si vous faisiez un gros puzzle et qu’il manque quelques pièces pour ne pas voir l’ensemble du tableau".
Et de pointer aussi dans la foulée une production précipitée : "Cela s'est fait très brusquement - tout à coup, nous avons appris que nous avions enfin l'argent et que nous pouvions commencer le tournage à Londres".
Le bilan des courses, c'est que son film suivant, The Jönsson Gang, est complètement passé sous le radar, et a même directement déboulé chez nous en VOD. Avec en prime une poignée de courts-métrages eux aussi passés inaperçus ou presque, sans impliquer d'ailleurs d'acteurs et d'actrices d'envergure internationale, la carrière du cinéaste semble s'être pas mal plombée depuis...
Vous êtes malgré tout curieux de voir Le Bonhomme de neige ? Il est disponible sur Prime Video.