Près de dix ans après avoir relancé la saga culte Mad Max avec Fury Road, déjà présenté à Cannes, George Miller est revenu sur la Croisette pour une nouvelle aventure survitaminée centrée sur le personnage de Furiosa.
C'était l'un de évènements attendus de la 77ème édition du Festival de Cannes : la séance ultra glamour de ce préquel pour lequel Anya Taylor-Joy succède à Charlize Theron dans la peau de la célèbre Impératrice.
Car Furiosa raconte les jeunes années de l'héroïne dans un monde en déclin. Tout bascule lorsqu'elle est arrachée à la Terre Verte et capturée par une horde de motards dirigée par le redoutable Dementus. Alors qu’elle tente de survivre à la Désolation, à Immortan Joe et de retrouver le chemin de son foyer, Furiosa n’a qu’une seule obsession : la vengeance.
Notre podcast débrief sur "Furiosa"
Anya Taylor-Joy superstar
L'actrice révélée dans The Witch et populaire depuis Split et Le Jeu de la Dame a été choisie pour ce rôle légendaire de l'univers Mad Max et on comprend pourquoi. Il n'y avait pas meilleure comédienne pour incarner cette héroïne badass.
Son interprétation très organique et viscérale, quasi taiseuse, de Furiosa fait honneur à ce personnage et on sent l'implication physique et spirituelle de l'actrice dans cette superproduction monumentale.
Après l'incarnation de Furiosa jeune par l'impressionnante et fugace actrice australienne Alyla Browne (déjà vue chez Miller dans Trois mille ans à t'attendre), Anya Taylor-Joy arrive une quarantaine de minutes après le début du film avec uniquement sa posture et ses yeux pour se distinguer du chaos de la Citadelle.
Et pourtant, cachée sous son costume, son matériel et sans qu'un son ne sorte de sa bouche, on ne voit qu'elle. Investie à 100% dans son rôle, Anya Taylor-Joy fait honneur à l'héritage laissé par Charlize Theron en aidant à poser les bases d'un personnage aussi puissant qu'inspirant.
Elle fait aussi face à Chris Hemsworth dans la peau d'un méchant complètement barré, mélange entre leader d'un groupe de rock et gourou sanguinaire, un rôle qu'il prend à bras le corps et qui lui permet enfin de se détacher de son image Marvelesque. Et elle compte également sur son partenaire de jeu Tom Burke, force tranquille dans la peau de Praetorian Jack, sorte de mentor qui va l'aider à façonner sa légende.
Si Anya Taylor-Joy s'impose de plus en plus dans la pop culture et les blockbusters, avec Dune ou encore Super Mario Bros, elle s'était surtout distinguée jusqu'alors dans les thrillers et films de genre grâce à son magnétisme.
Vous l'avez sûrement remarquée dans The Witch, Split, Glass, Les Nouveaux Mutants, Last Night in Soho, The Northman ou encore Le Menu, grâce à sa présence déroutante et son regard ensorcelant.
Et ce sont bien ces qualités qui ajoutent un charme et une singularité bienvenues à son jeu dans Furiosa, dans lequel elle use de toutes ses ressources et abat toutes ses cartes pour prouver qu'elle a l'âme et les armes pour être une superstar.
Fury Road et Furiosa, pas le même combat
Si le film Furiosa s'inscrit parfaitement dans l'univers de Mad Max : Fury Road, avec la même esthétique, la même atmosphère, la même énergie et surtout la même qualité graphique, bien que certains effets visuels soient plus visibles, les deux longs-métrages ne partagent pas les mêmes enjeux, ni les mêmes envies scénaristiques.
Fury Road a su dynamiter les blockbusters d'action avec un rythme effréné et une course poursuite dense, explosive et rondement huilée sur seulement quelques jours en remettant le personnage de Mad Max sur le devant de la scène pour une nouvelle aventure sous haute tension tandis que Furiosa se dessine plutôt comme une épopée sur une plus grande chronologie.
En effet, le film est l'exemple parfait du préquel réussi et retrace une quinzaine d'années de la vie de l'héroïne, découpée en 5 chapitres, d'autant de moments clés et de petites renaissances pour une écorchée vive, obligée de s'adapter et de se reconstruire physiquement et mentalement pour survivre.
Si l'émotion est palpable, l'action est toujours au rendez-vous, en témoigne une séquence de 15 minutes impressionnante d'attaques mobiles et aériennes sur un Porte-guerre, d'une grande précision et au plus près des corps et des réacteurs. Furiosa raconte les débuts du chaos et comment il a impacté les personnages dans leur chair et dans leur âme.
Même s'il peut paraître didactique sur certains points, le film nous explique les "coulisses" de Fury Road, si bien que les fans sauront retrouver les clins d'oeil et les réponses aux questions que pouvait poser le premier film, et que les personnes qui n'ont pas vu Fury Road ne seront pas spécialement laissées sur le bord de la route.
Mais Furiosa, c'est avant tout la construction de cette guerrière unique, devenant sa propre création mi-femme, mi-machine, et surtout maîtresse de son destin face aux hommes qui la craignent, la vénèrent ou l'avilissent. Une histoire de transcendance et de vengeance à travers une rage féminine libératrice.
Plus ambitieux, plus fort et plus dramatique, Furiosa est une odyssée épique et tragique qui raconte l'avènement d'une héroïne et qui enrichit une grande mythologie, en nous rappelant le chaos du monde. George Miller réussit un tour de force en se renouvelant et en suivant les évolutions sociétales de notre monde, le tout sans marcher sur les plates bandes de Fury Road mais en lui redonnant presque un second souffle. Avant un nouveau film ?
Le film "Furiosa" de George Miller sort au cinéma le 22 mai.