Ça parle de quoi ?
Après avoir découvert un cadavre mutilé près de leur propriété, deux frères apprennent que les événements étranges survenant dans leur village sont causés par un esprit démoniaque qui a élu domicile dans le corps purulent d’un homme. Le mal dont souffre ce dernier ne tarde pas à se répandre comme une épidémie, affectant d’autres habitants de la région.
Le film est-il pour tous publics ?
Loin de là, car When Evil Lurks est interdit aux moins de 16 ans dans les salles françaises. Comme La Malédiction - L'Origine, pour prendre un exemple horrifique de 2024. Et c'est loin d'être exagéré.
Exorcisme en milieu rural
En 2024, le Grand Prix du Festival de Gérardmer a été remis au film coréen Sleep, mélange d'histoire de somnambulisme et de critique sociale passée par Cannes quelques mois plus tôt. Pourtant, et sans faire injure au premier long métrage réalisé par Jason Yu, c'est du côté de l'Argentine que se trouvait la sensation de cette édition.
Un film dont les trois mots du titre font encore trembler certains des spectateurs présents sur place au moment de sa projection : When Evil Lurks. Que l'on pourrait traduire par "Quand rôde le Mal" en français, chose que son distributeur n'a heureusement pas faite. Même en anglais, il annonce clairement le programme de ce long métrage qui a aussi bien séduit le public que la critique, qui lui ont tous deux remis un prix à Gérardmer.
Ce qui n'est pas plus surprenant que cela. Car la nouvelle réalisation de Demián Rugna joue avec les codes de l'horreur et, par extension, avec les connaissances et attentes des spectateurs. Après la maison hantée dans Aterrados, il revisite ici les récits de possession et d'exorcisme. Mais en milieu rural, où tout le monde se connaît et où la nature n'a pas encore été totalement rasée au profit d'habitations.
C'est dans ce cadre que deux frères vont découvrir, en plus d'un corps en état de décomposition avancé, qu'une malédiction rôde dans les parages, sous la forme d'un esprit démoniaque. Et que les cas de possessions ne font que commencer. Vous pensez connaître ce genre d'histoire ? Vous n'avez pas tort, mais Demián Rugna en a conscience.
Tango du démon
Jouant aussi bien sur le hors-champ que des images frontales, When Evil Lurks surprend à plus d'une reprise en montrant des choses que les cinéastes ont pris pour habitude de cacher. Ce qui créé un sentiment d'inconfort en laissant entendre que tout peut arriver, jusqu'à un final pessimiste à souhait.
On pense parfois à The Sadness, autre sensation géromoise qui s'inspire des peurs nées du Covid pour parler d'épidémie. Avec moins de complaisance du côté argentin, mais pas moins d'effroi, les sursauts étant d'autant plus marquants qu'on ne les voit pas forcément arriver, signe que le metteur en scène connaît ce sous-genre de l'horreur sur le bout des doigts, et sait comment le faire évoluer pour que les fans se sentent inconfortables devant.
Le tout avec un ancrage profond dans la société argentine, où les croyances (donc la possibilité du fantastique) font davantage partie des moeurs. Du fond, de la forme et de la trouille : il est encore trop tôt pour le déclarer "meilleur film d'horreur de 2024", mais When Evil Lurks est un bon candidat pour le titre, auquel on pardonne une seconde partie plus explicative (donc bavarde) et un manque de moyens qui se voit par moments à l'écran.