Adapter Dune sur grand écran n’est pas une tâche facile. Au milieu des années 1970, Alejandro Jodorowsky a tenté de transformer les romans de Frank Herbert en film, sans succès. Plus tard, dans les années 80, ce sera le tour de David Lynch. Son Dune, bien qu’il soit devenu réalité, n’a pas répondu à toutes les attentes mais est tout de même devenu culte. Désormais, c’est Denis Villeneuve qui s’est chargé de la lourde tâche de traduire en images l’œuvre dense de Herbert – avec succès retentissant cette fois.
Ce qui est curieux, c’est qu’une des actrices qui apparaît dans la saga de Villeneuve avait déjà failli rejoindre le premier projet, celui d’Alejandro Jodorowsky. Charlotte Rampling, qui incarne la Révérende Mère Gaius Helen Mohiam dans la nouvelle version, devait en effet incarner Lady Jessica, la mère de Paul, dans l’adaptation des années 70.
Parmi les autres noms mentionnés pour le film, on retrouve celui de David Carradine dans le rôle du duc Leto, Salvador Dalí, dans celui de l’empereur Padishah, Brontis Jodorowsky, le fils du cinéaste alors âgé de 12 ans, devait, quant à lui, incarner Paul Atreides. Orson Welles, Gloria Swanson et Mick Jagger faisaient également partie des membres du casting. Voilà qui avait de quoi impressionner...
Le “plus grand film de science-fiction jamais réalisé”
En 2013, le documentaire Jodorowsky’s Dune, qui raconte justement l’histoire de ce film surnommé “le plus grand film de science-fiction jamais réalisé”, montre à quoi aurait ressemblé cette version de Dune. Dans une interview avec Indiewire en 2014, le réalisateur du documentaire, Frank Pavich, a raconté ce qui est arrivé avec Charlotte Rampling et la raison pour laquelle l’actrice a refusé le rôle.
“Jodorowsky allait tourner une partie du film en Algérie. Ils ont parlé au gouvernement algérien et l’armée algérienne allait jouer les figurants. Jodorowsky cherchait qui allait jouer Jessica, et il voulait une femme forte et belle, pas une femme faible et délicate. Quelqu’un avec une vraie force spirituelle. Il a vu un film avec Charlotte Rampling et a pensé qu’elle serait parfaite.”
Mais l’actrice a été rapide à refuser le rôle après en avoir appris davantage sur la vision de Jodorowsky. Elle était convaincue que personne ne regarderait son film – curieusement, Rebecca Ferguson a elle aussi failli refuser de jouer Lady Jessica – surtout à cause d’une scène particulièrement sordide…
“Ils ont envoyé le scénario à Charlotte Rampling et elle a accepté de rencontrer Jodo avant de l’avoir lu”, a poursuivi Pavich. “Et dans le scénario, il y a une scène avec un personnage nommé Rabban la Bête qui fait partie de l’armée Harkonnen. Afin d’insulter le duc Leto, David Carradine, Rabban la Bête ordonne à son armée, l’armée algérienne, de baisser leur pantalon et de déféquer. Il va donc y avoir une scène de 2000 figurants déféquant en même temps.”
Après avoir lu le scénario Charlotte Rampling a finalement déclaré : “Je ne peux pas être dans un film où il y a 2000 figurants qui défèquent à l’écran ! J’ai besoin d’être dans un film que les gens vont vraiment voir ! Qui diable va voir ce film ?’ Jodo a déclaré : ‘C’était une grande déception pour moi. Une grande déception.’ C’est plutôt fantastique.”
En plus de cette scène pour le moins osée, le réalisateur prévoyait également de s’éloigner du roman, déclarant qu’il visait à faire son propre Dune et non une interprétation fidèle du livre.
Aujourd’hui, le Dune de Jodorowsky est considéré comme influent parce qu’il n’a pas été réalisé. L’artiste H.R. Giger, par exemple, a dessiné des concepts artistiques pour le film. S’il ne l’avait pas fait, son travail sur Alien n’aurait peut-être pas eu lieu. Et finalement, Charlotte Rampling fera bien partie de l’expérience Dune : elle attendait juste la bonne version et le bon rôle, celui de la Révérende Mère Gaius Helen Mohiam donc, que l’on a pu voir brièvement dans Dune (2021) et de façon plus conséquente dans Dune 2.
Dune : Deuxième Partie est d’ailleurs encore à l’affiche de quelques salles de cinéma restantes. Foncez.