Ça parle de quoi ?
Il s’appelle Alexandre, Ricardo ou Daniel. Il se dit chirurgien ou ingénieur, argentin ou brésilien. Il vit avec quatre femmes en même temps, adaptant à chacune son récit et même ses traits de caractère. Enquête à la première personne, avec l’aide d’un détective privé, sur un imposteur aux mille vies imaginaires.
Une enquête captivante
Le nom de Sonia Kronlund est bien connu des auditeurs de France Culture. Journaliste aux commandes des Pieds sur terre, émission dans laquelle elle interroge et met en scène des témoignages ordinaires, cette documentariste a su marquer les esprits par sa voix et sa vision sans pareil sur l’être humain. Après avoir participé à l’écriture de nombreux scénarios et réalisé Nothingwood, long-métrage tourné en Afghanistan présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2017, elle offre cette année une nouvelle peau à son livre éponyme, L'Homme aux mille visages.
Éditée en janvier dernier, cette histoire dresse le portrait bien réel d’un imposteur rattrapé par son égo et son goût de la démesure. À la manière d’un thriller, le spectateur est invité à plonger dans l’enquête qui va mener Sonia Kronlund à retrouver la trace de cet homme et à percer à jour tous les mystères qui l’entourent. Prenant racines dans les confidences d’une amie victime de cet “arnacœur” d’envergure colossale, le film donne de la voix aux victimes, et pose un regard sur les mécanismes psychologiques d’une personne amoureuse, sans pour autant la juger.
Assumant elle-même n’avoir aimé que des menteurs, la réalisatrice offre un espace de réparation à ces femmes au travers de véritables récits vécus, prononcés soit par de vraies témoins, soit par des comédiennes, professionnelles ou non, racontant ces histoires vécues avec ce fameux homme aux mille visages. “J’ai commencé par recueillir les témoignages, j’ai écrit les textes, puis j’ai dirigé ces interprètes. Au final, il me semble qu’on ne peut pas détecter le vrai du faux dans ce film”, explique l’autrice.
Long de sept ans, ce projet remarquable se veut à la fois la voix d’amours blessées, de traumatismes, de femmes trompées et de destins brisés, mais aussi la radiographie de la mythomanie et de la masculinité toxique, sans pour autant oublier de nous faire sourire grâce à son ton léger, parfois même drôle, et ses réjouissants rebondissements.
Le tout à travers une investigation ne manquant pas de suspens, sublimé par son soin de l’image et de la mise en scène. Impactant, édifiant et solaire, le film documentaire réussit aussi à délivrer un message optimiste sur la force de la sororité, et s’inscrit comme l’une des œuvres du genre à ne surtout pas manquer.
Découvrez L'Homme aux mille visages, dès ce 17 avril au cinéma.