Il y a des rencontres et des séquences absolument magiques qui gonflent le coeur du cinéphile qui sommeille en chacun de nous. Mais surtout, des séquences immortalisées en vidéo, comme cet entretien entre deux immenses talents du 7e Art : Akira Kurosawa et Hayao Miyazaki, exhumé par le compte X @DepressedBergman. Les deux monstres sacrés discutent de l'importance du storyboard dans leurs œuvres respectives.
"Est-ce que vous les dessinez après avoir écrit votre script ?" demande Miyazaki. "La plupart du temps, oui, mais parfois c'est en même temps" lui répond Kurosawa. Qui ajoute : "c'est très étrange, dans ma jeunesse, je voulais être dessinateur, mon rêve était d'avoir ma propre boutique à Paris. [..] J'ai eu l'opportunité de faire une conférence au musée du Louvre à Paris, j'ai dit "je ne suis pas un professionnel du dessin !"
Monsieur Umehara [NDR : Umehara Ryûzaburô, très célèbre peintre japonais mort en 1986] disait que mes dessins étaient brillants. Le fait est que je n'ai jamais essayé d'être bon lorsque j'ai fait des storyboards. Je les dessine juste avec la perspective derrière de faire un film".
Mon voisin Totoro, un des films fétiches de Kurosawa
Kurosawa et Miyazaki avaient une très grande estime et une profonde admiration l'un pour l'autre. Kurosawa dira d'ailleurs au maître du studio Ghibli que l'un de ses films préférés étaient Mon voisin Totoro. Tandis que ce dernier glissait Les 7 Samouraïs parmi ses dix films préférés.
En fait, la séquence où les deux maîtres parlent de storyboard est un court extrait d'un documentaire diffusé sur Nippon TV (NTV) en 1993, qui avait alors eu l'idée de réunir les deux légendes pour une longue discussion. Vous pouvez voir cette merveilleuse séquence vidéo ici.
La chaîne avait envoyé Miyazaki chez Kurosawa dans le cadre d'un programme intitulé Miyazaki rencontre Kurosawa. Alors que Miyazaki avait fini de réaliser son classique Porco Rosso en 1992, le dernier film de Kurosawa, Madadayo, était sorti un mois avant leur rencontre.
Miyazaki-San ému
C'est au cours de cette même discussion que Kurosawa parle de son amour de Mon voisin Totoro, citant le film comme un exemple de ce qu'il n'aurait jamais pu réaliser en tant que cinéaste travaillant en prise de vue réelle, envieux de la liberté que l'art de l'animation offrait à Miyazaki.
Une confession qui laisse ému Miyazaki, toujours pudique. "Le fait est que j’ai grandi en ville... juste après la guerre.... quand ma seule perception du Japon était que c'était un pays pauvre et désespéré. C'est du moins ce qu'on nous a toujours dit. Ce n’est qu’après mon premier voyage à l’étranger que j’ai commencé à apprécier l’environnement naturel du Japon".