3h30 d'un spectacle millimétré. Et attendu. Sans grande surprise, Oppenheimer a dominé cette 96e cérémonie des Oscars. Le film de Christopher Nolan, grand favori, remporte sept trophées sur treize nominations : Meilleur film, Meilleur réalisation, Meilleur acteur (Cillian Murphy), Meilleur acteur dans un second rôle (Robert Downey Jr.), Meilleure musique, Meilleure photographie et Meilleur montage.
Dans son discours de remerciements, Cillian Murphy a rappelé que nous vivions dans le monde (atomique) créé par J. Robert Oppenheimer et il a tenu à saluer les "artisans de paix partout", confirmant la tonalité politique de cette soirée.
Des discours puissants
Ainsi, au-delà d'une pique du maître de cérémonie Jimmy Kimmel à Donald Trump et des badges de soutien au peuple palestinien affichés sur plusieurs smokings, on retiendra les mots d'Alexeï Navalny en ouverture de la séquence In Memoriam, ainsi que les prises de paroles puissantes de Jonathan Glazer, réalisateur de La Zone d'intérêt (Oscar du Meilleur film international et Oscar du Meilleur son), et du cinéaste ukrainien Mstyslav Chernov (Oscar du Meilleur documentaire pour 20 jours à Marioupol).
Le premier a dénoncé les dangers de la déshumanisation au cœur de son film mais aussi de l'actualité, "qu'il s'agisse des victimes du 7 octobre en Israël ou de l'attaque en cours sur Gaza" quand le second, premier lauréat de l'histoire ukrainienne, rappelait l'importance du 7e Art comme témoin de l'Histoire ("Le cinéma forme les souvenirs, et les souvenirs forment l'histoire").
Cocorico... et ouaf ouaf !
Parmi les autres lauréats, on retiendra les larmes d'Emma Stone (Meilleure actrice pour Pauvres créatures, qui repart avec trois autres trophées techniques) et de Da’vine Joy Randolph (Meilleure actrice dans un second rôle pour Winter Break), toutes deux offrant de beaux moments d'émotion en recevant leur prix ; le tout premier Oscar de la carrière de Wes Anderson pour le court métrage La Merveilleuse histoire d'Henry Sugar ; et un inattendu doublé japonais avec l'Oscar des Meilleurs effets visuels pour l'équipe de l'impressionnant Godzilla Minus One (qui a ridiculisé tous les blockbusters américains avec son budget réduit de 15 millions de dollars) et la statuette du Meilleur film d'animation décernée au senseï Hayao Miyazaki pour Le Garçon et le héron, vingt-et-un ans après celle du Voyage de Chihiro.
Et puis, bien sûr, il y a eu la présence du chien Messi, chouchou des Oscars cette année, et le Prix du Meilleur scénario original décerné à Justine Triet (partagé avec son co-auteur et compagnon Arthur Harari). Anatomie d'une chute devient ainsi le premier film français à s'imposer dans cette catégorie depuis 1967 et Un homme et une femme de Claude Lelouch.
"C'est vrai que se retrouver ici, aujourd'hui, à côté d'énormes productions, c'est quelque chose de pragmatiquement extrêmement joyeux pour les gens qui font du cinéma. Se dire qu'on peut exister aussi en faisant des films totalement différents", expliquait la cinéaste en salle de presse après avoir reçu son prix. "La diversité du cinéma, c'est ce qui me tient vraiment à cœur. J'adore des énormes productions, mais j'adore aussi des petits films et je pense que c'est très beau de voir qu'aux Oscars on peut aussi donner de l'importance à des films comme ça".
Ryan Gosling met le feu
Enfin, le grand moment de spectacle de cette cérémonie 2024 fut musical. Le très attendu "I'm just Ken" de Ryan Gosling, entouré d'une soixantaine de danseurs dont ses partenaires de Barbie, a en effet tenu toutes ses promesses.
Vêtu d'un magnifique costume rose et très cool et showman malgré l'enjeu de chanter en direct devant le tout-Hollywood, le comédien canadien semble s'être beaucoup amusé, prenant même le temps de faire un check avec le cadreur qui le suivait avec sa steadycam. Et les invité.e.s (et nous) avec lui, puisqu'on a vu Greta Gerwig, Margot Robbie, America Ferrara ou encore Emma Stone reprendre la chanson à son micro depuis la salle du Dolby Theatre. Même si Billie Eilish a remporté la statuette de la Meilleure chanson au final (là aussi pour Barbie), ce tableau "kenien" restera assurément dans les annales de la cérémonie.
Oscars 2024 : le palmarès complet
Meilleur Film
- Oppenheimer
Meilleure actrice
- Emma Stone - Pauvres Créatures
Meilleur acteur
- Cillian Murphy - Oppenheimer
Meilleure actrice dans un second rôle
- Da'Vine Joy Randolph - Winter Break
Meilleur acteur dans un second rôle
- Robert Downey Jr. - Oppenheimer
Meilleure réalisation
- Christopher Nolan - Oppenheimer
Meilleur scénario original
- Anatomie d'une chute - Justine Triet & Arthur Harari
Meilleur scénario adapté
Meilleur film d'animation
- Le Garçon et le héron
Meilleur film international
- La Zone d'intérêt (Grande-Bretagne)
Meilleure photographie
- Oppenheimer - Hoyte van Hoytema
Meilleurs décors
- Pauvres Créatures
Meilleurs costumes
- Pauvres Créatures
Meilleurs maquillages et coiffures
- Pauvres Créatures
Meilleur montage
- Oppenheimer
Meilleur son
- La Zone d'intérêt
Meilleurs effets visuels
- Godzilla Minus One
Meilleure musique originale
- Oppenheimer - Ludwig Göransson
Meilleure chanson originale
- "What Was I Made For ?" - Barbie - Billie Eilish & Finneas O'Connell
Meilleur documentaire
- 20 jours à Marioupol
Meilleur court métrage documentaire
Meilleur court métrage
- La Merveilleuse histoire de Henry Sugar
Meilleur court métrage d'animation
- War Is Over ! Inspired by the Music of John & Yoko