Février 2022. Des reporters ukrainiens, piégés dans la ville assiégée de Marioupol, filment les atrocités de l'invasion russe. Au plus près des civils, le réalisateur Mstyslav Chernov livre un témoignage capital sur la réalité de la guerre qui déchire son pays. Le résultat ? Le puissant 20 jours à Marioupol, disponible en streaming gratuitement sur la plateforme de France Télévisions, qui vient de remporter l'Oscar du Meilleur film documentaire.
Dans un discours puissant, heureusement non-interrompu par la traditionnelle ritournelle musicale qui invite les lauréats à quitter la scène, le cinéaste a livré des mots forts sur le conflit qui dure depuis plus de deux ans maintenant, alors que l'invasion de l'Ukraine par la Russie a débuté le 24 février 2022. Le bilan humain, difficile à déterminer, pourrait selon Kiev grimper à 50 000 morts civils dont la moitié dans la seule ville de Marioupol.
"J'aurais aimé ne jamais faire ce film"
"Merci d'avoir fait ce film avec moi. Merci de m'avoir aidé dans ce voyage. C'est le premier Oscar de l'histoire ukrainienne. Et j'en suis honoré.
Je suis honoré, mais je serai probablement le premier réalisateur sur cette scène à dire : 'J'aurais aimé ne jamais faire ce film'. J'aimerais pouvoir échanger cela avec une Russie qui n'aurait jamais attaqué l'Ukraine, qui n'aurait jamais occupé nos villes.
Je souhaite que la Russie soit dénoncée pour avoir tué des dizaines de milliers de mes compatriotes ukrainiens. Je souhaite qu'ils libèrent tous les otages, tous les soldats qui protègent leurs terres, tous les civils qui sont maintenant dans leurs prisons. Mais je ne peux pas changer l'histoire, je ne peux pas changer le passé.
"Le cinéma forme les souvenirs, et les souvenirs forment l'histoire"
Mais nous, ensemble, et vous qui faites partie des personnes les plus talentueuses au monde, nous pouvons faire en sorte que l'histoire soit rétablie, que la vérité prévale et que les habitants de Marioupol et ceux qui ont donné leur vie ne soient jamais oubliés.
Parce que le cinéma forme les souvenirs, et les souvenirs forment l'histoire. Merci à tous. Merci à l'Ukraine. Slava Ukraini".
Des propos qui font écho à ceux d'Alexeï Navalny, opposant russe décédé le 16 février dernier, dont quelques mots ont ouvert le montage hommage aux disparu.e.s de l'année.