Le 11 avril 1970, Apollo 13 décollait du centre spatial Kennedy en Floride en direction de la Lune. Deux jours plus tard, il perdait l’un de ses réservoirs d’oxygène. L’équipage n’avait alors plus assez d’oxygène pour mener à bien sa mission et a ainsi contacté Houston en prononçant la phrase légendaire : “Houston, we’ve had a problem” (“Houston, on a eu un problème” en français).
Pour l’anecdote, le “Houston, we have a problem” (“Houston, on a un problème”) que le film Apollo 13 de Ron Howard a rendu populaire était donc une citation erronée. Avant lui, le téléfilm Houston, We’ve Got a Problem de Lawrence Doheny (1974) avait donc lui aussi utilisé une variante erronée.
L’équipe au sol a alors demandé aux astronautes de se réfugier dans le LEM, le module lunaire d’Apollo et de l’utiliser comme canot de sauvetage pour revenir sur Terre. Un chemin de retour a été tracé pour les ramener chez eux.
Cependant, les réserves d’énergie électrique et d’eau étaient limitées et le système primaire de guidage et de navigation utilisait trop d’eau pour le refroidissement. En conséquence, après qu’un moteur du module lunaire ait brûlé, le système de guidage d’abandon (AGS pour “Abort-Guidance System”) a été utilisé pour la majeure partie du retour. Quatre jours plus tard, le 17 avril, l’équipage d’Apollo 13 atterrissait dans l’océan Pacifique Sud – un retour retransmis en direct devant plus de 70 millions de personnes.
Parmi ceux qui ont contribué à la création du système de guidage AGS, on retrouve l’ingénieure aérospatiale Judith Love Cohen, qui est aussi connue pour avoir travaillé sur le projet du télescope spatial Hubble. Ses travaux sur l’ordinateur de guidage du missile Minuteman et sur l’AGS ont toutefois été essentiels, ayant permis de sauver les astronautes.
Selon son fils aîné, l’informaticien et ingénieur Neil Siegel, sa mère “considérait généralement son travail sur le programme Apollo comme le point culminant de sa carrière. Lorsque le désastre a frappé la mission Apollo 13, c’est l’Abort-Guidance System qui a ramené les astronautes chez eux en toute sécurité.”
Elle sera d’ailleurs présente lorsque l’équipage rendra visite aux ingénieurs en Californie pour les remercier d’avoir développé la technologie qui leur a sauvé la vie.
En plein travail, dans tous les sens du terme
Mais le plus étonnant est que lorsqu’elle a travaillé sur l’AGS, Judith Love Cohen était en train d’accoucher de son quatrième enfant… Jack Black ! En effet, les circonstances de la naissance du célèbre acteur et musicien relèvent de la légende. Dans un hommage à sa mère, Neil Siegel a raconté l’anecdote.
“Elle est allée à son bureau le jour de la naissance de Jack”, s’est-il souvenu. “Au moment d’aller à l’hôpital, elle a emporté avec elle une copie du problème sur lequel elle travaillait. Plus tard dans la journée, elle a appelé son patron et lui a dit qu’elle avait résolu le problème. Et… oh, oui, le bébé est né aussi.”
Thomas Jacob Black est né à Santa Monica, en Californie, en 1969. Hollywood le connaît toutefois sous le nom de Jack Black, acteur que l’on a pu voir dans des films tels que le King Kong de Peter Jackson (2005) ou encore dans le culte Rock Academy de Richard Linklater (2003), pour ne citer qu’eux. Jack Black est aussi un musicien à succès qui a notamment remporté un Grammy avec son groupe Tenacious D.
Quant à Judith Love Cohen, après sa retraite du secteur aérospatial, elle crée une société d’édition multimédia pour enfants, publiant plus d’une vingtaine de contenus jusqu’à sa mort en 2016 après une courte bataille contre le cancer.