De quoi ça parle ?
Au bout de six mois d’une mission de recherche aux confins du système solaire, totalement coupé du monde, l’astronaute Jakub découvre que la femme qu’il a laissée derrière lui ne l’attendra peut-être pas à son retour sur Terre.
Alors qu’il cherche à clarifier la situation avec son épouse Lenka, une mystérieuse créature ancestrale, nichée dans les entrailles de son vaisseau, lui vient en aide. Hanuš collabore avec Jakub pour comprendre ce qui s’est passé avant qu’il ne soit trop tard.
C'est avec qui ?
Spaceman est un drame SF énigmatique qui réunit un casting très alléchant. En tête d'affiche, on retrouve ainsi Adam Sandler, plutôt un habitué des comédies qui excelle aussi dans le registre dramatique, notamment dans Punch-Drunk Love de Paul Thomas Anderson ou Uncut Gems des frères Safdie.
Au reste du casting, on retrouve Carey Mulligan, récemment vue dans Saltburn et Maestro, Paul Dano (Prisoners, The Fabelmans), qui prête sa voix à une étrange créature, Kunal Nayyar (The Big Bang Theory), Lena Olin (Alias, Mindhunter) et la légendaire Isabella Rossellini.
Ça vaut le coup d’œil ?
Les épopées spatiales au cinéma permettent souvent d'utiliser l'infinie galaxie comme miroir de la petitesse de l'Homme dans l'univers. On ne compte plus les films SF, de grande ou moindre ampleur, comme Interstellar, 2001 : l'odyssée de l'espace, Gravity, First Man, Ad Astra ou encore Seul sur Mars, qui décortiquent la solitude de l'être humain dans l'immensité des étoiles.
Et Spaceman, disponible sur Netflix, ne fait pas exception. Écrit par Colby Day, dont il s'agit d'un premier scénario de long-métrage, ce film SF est réalisé par Johan Renck, musicien et cinéaste suédois, qui s'est surtout illustré à la télévision en mettant en scène des épisodes de Chernobyl, Panthers ou Vikings.
Et on peut dire que le réalisateur, qui a un sens du spectaculaire dans le banal et le tragique, réussit à façonner un univers suffisamment envoûtant et sublime, aux effets visuels d'une grande beauté, pour que l'on ait envie de passer 1h40 perdu dans l'espace avec Adam Sandler, dans la peau de Jakub, un astronaute profondément seul et en passe de perdre la boule.
Alors qu'il poursuit tant bien que mal sa mission spatiale sponsorisée par la République Tchèque afin de collecter des particules lumineuses, aussi fascinantes que dangereuses, du nuage Chopra, Jakub comprend que son isolation l'éloigne encore plus de sa vie sur Terre, notamment de sa femme Lenka (Carey Mulligan), enceinte de leur progéniture.
Adam Sandler a une araignée au plafond
Son mariage bat de l'aile, sa mission est vouée à l'échec, ses responsables ne font pas attention à sa santé mentale, et c'est à ce moment critique qu'une créature mystérieuse choisit de faire son apparition. Une araignée extraterrestre, que Jakub surnomme Hanuš, et qui se met en tête d'aider l'astronaute avec sa crise existentielle.
Grâce à la voix de l'énigmatique et sarcastique de Paul Dano, Hanuš devient un compagnon appréciable (réel ou imaginaire ?) qui permet à Jakub de se ressaisir et de dépasser le poids de la culpabilité filiale et sentimentale qui pèse sur lui pour retrouver l'essentiel et sa relation avec Lenka.
Même si l'ambiance spatiale et l'interaction charmante et très émouvante qui s'installe entre Jakub et Hanuš fonctionnent, on déplore la pauvreté de l'écriture et des dialogues assez fades.
Il manque un petit supplément d'âme à ce drame SF, qui ne révolutionne pas le genre. Pour un peu plus d'originalité, on vous conseille de rattraper l'épisode 3 de la saison 6 de Black Mirror.
En se concentrant uniquement sur la relation, difficile à comprendre et à envisager parfois, entre Jakub et Lenka, Spaceman prend un parti pris plus intimiste qui n'est pas pour déplaire mais qui manque de profondeur, le personnage de Lenka étant sous-exploité, alors que la relation entre Jakub et Hanuš joue sur une émotion plus primaire et viscérale.
Un petit goût d'inachevé
Par ailleurs, le film manque le coche d'une critique plus politique avec son contexte d'une République Tchèque hantée par le souvenir de l'occupant soviétique. Le choix de faire jouer à des acteurs américains et britanniques (sans accent exagéré heureusement) des personnages tchèques entre en contradiction avec l’œuvre que Spaceman adapte.
En effet, le long-métrage est basé sur Un astronaute en Bohême de Jaroslav Kalfar publié en 2017. La version cinématographique perd en substance, malgré des performances impeccables de son casting, un véritable attrait pour son ambition visuelle et imaginaire et son duo humain - araignée extraterrestre, et se résume à une expérience métaphorique fascinante qui laisse tout de même un goût d'inachevé.
Le film Spaceman est disponible sur Netflix.