Grand Prix du dernier Festival de Cannes, La Zone d’intérêt de Jonathan Glazer est sorti le 31 janvier dans nos salles obscures. Le film suit le commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss (Christian Friedel), et sa femme Hedwig (interprétée par Sandra Hüller). Ils s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp.
Le long métrage cumule déjà plus de 240 000 entrées, c'est le meilleur démarrage de 2024 en France et le meilleur lancement de la carrière du réalisateur Jonathan Glazer (Under the skin, Birth...).
Nous avons interrogé le distributeur français BAC Films sur le succès de ce long métrage exigeant.
AlloCiné : La Zone d'Intérêt est le meilleur démarrage de l'année avec déjà presque. Vous attendiez-vous à un tel succès ?
Bac Films : Nous savions que nous avion un film singulier, mais très fort qui allait fonctionner, mais pas au point d’être premier du marché dès sa première semaine de sortie. Ça prouve que notre travail a été récompensé. Qu’il y avait une attente sur le film et c’est rassurant de se dire qu’en France un film aussi exigeant peut rassembler le public.
C’est rassurant de se dire qu’en France un film aussi exigeant peut rassembler le public.
AlloCiné : Selon vous, quel est le poids du Grand Prix au Festival de Cannes dans ce succès ?
Ça n'a pas l’effet d’une Palme mais le prix participe grandement aussi au succès du film en confirmant sa qualité indéniable.
AlloCiné : Le film est radical et nécessite un accompagnement en amont et en aval. Avez-vous multiplié les séances avec intervenants et débats ?
C’est un film qui demandait beaucoup d’attention et d’accompagnement en effet. Il y a eu peu de projections et c’était surtout dans certains festivals avec des intervenants comme a War on screen. Mais un travail a été fait en amont notamment auprès des exploitants en partenariat avec l'AFCAE par exemple pour leur donner des outils comme le webinaire avec un spécialiste en histoire et un autre en cinéma. Puis le film a été proposé lors du festival Télérama qui nous a permis de voir l’envie du film que ce soit à Paris mais aussi en Province.
LEONINE
AlloCiné : Aviez-vous des appréhensions avant la sortie du film ? A-t-il été question d'en décaler la sortie au vu du climat politique peu serein ?
Il y a effectivement en Europe une montée des extrémismes assez inquiétante, et le film arrive à point pour justement faire un travail de mémoire et expliquer aussi comment le nazisme fonctionnait de manière politique, industrielle et idéologique auprès de la population de l’époque. Donc non, il n’a pas été question de décaler le film mais nous avons pris le temps en amont avant de le sortir puisque c’est un des derniers films de la compétition cannoise à sortir en salles.
AlloCiné : Si certains spectateurs sont encore intimidés par le côté exigeant du film, que pouvez-vous leur dire pour les convaincre ?
Il est vrai qu'on pouvait se questionner sur l’envie ou l’appréhension du public à aller voir le film et sur quel public. Mais ces craintes ont été balayées lors de la première du film. Certes le sujet est dur, on en sort sidéré mais pas lessivé. Et surtout le film rassemble tous les public notamment les jeunes ce qui est une grande satisfaction.
On en sort sidéré mais pas lessivé.
AlloCiné : Peut-on envisager de faire de La Zone d’intérêt un outil pédagogique, comme peut l'être Nuit et brouillard ?
Nuit et brouillard est un film témoin basé sur des images d’archives. La Zone d’intérêt est un film de rappel pour ne pas oublier. Nous avons fourni un gros travail pédagogique envers les scolaires (collèges, lycées, universités, que ce soit en histoire, en cinéma et même en philosophie) avec un dossier pédagogique conséquent et le soutien de sociétés comme La Grande distribution ou Parenthèses cinéma, habituées à ce travail.
Donc oui, pour nous le film est fait pour s’inscrire dans le temps et permettre d’illustrer un travail scolaire. Sa carrière ne fait que commencer.
La Zone d’intérêt est à voir actuellement au cinéma.
