C’est un scandale en Inde. Et Netflix n’a pas tardé à réagir en retirant de sa plateforme un film qui a scandalisé des groupes hindous d'extrême droite. Il s’agit du film Annapoorani, sorti le 1er décembre chez nous en salles, mais déjà disponible sur Netflix en Inde.
Annapoorani raconte l’histoire d’une jeune femme de la caste des brahmanes – première des quatre grandes castes en Inde – et ses aspirations à devenir l’un des meilleurs chefs du pays.
The Guardian rapporte que le film a été critiqué pour sa représentation d’une membre d’une caste traditionnellement végétarienne, cuisinant et consommant de la viande. Le film a également été critiqué pour sa représentation d’une divinité hindoue.
"Intentionnellement diffusé pour blesser les sentiments hindous"
Le journal explique que le Vishwa Hindu Parishad (VHP) – une organisation nationaliste hindoue d’extrême droite – a lancé mercredi dernier une manifestation contre le film, affirmant qu'il avait été "intentionnellement diffusé pour blesser les sentiments hindous". Des manifestations ont également eu lieu devant les bureaux de Netflix.
Dans les 24 heures qui ont suivi, selon The Guardian, la production du film Zee Entertainment s'est excusée, déclarant que le film serait retiré et réédité pour éviter toute nouvelle offense.
C’est ainsi qu’Annapoorani a été enlevé de toutes les plateformes internationales de Netflix, sauf la France où il n’a pas été diffusé à cause de la chronologie des médias.
Fait récurrent en Inde
Amazon a dû faire face à des protestations similaires en 2021, des groupes hindous jugeant sa série politique Tandav offensante. On note cependant que la série est disponible sur Prime Video France à l'heure où nous écrivons ces lignes.
Netflix a déjà dû faire face à un boycott pour la diffusion de la série de la BBC Un garçon convenable, réalisée en partie par Mira Nair, accusée de promouvoir le "jihad de l'amour".
Le jihad de l'amour est une théorie du complot islamophobe promue par des activistes hindous d’extrême droite qui prétend que les hommes musulmans ciblent les femmes hindoues pour les convertir à l'islam. En résumé, une théorie du grand remplacement.
Le Guardian cite l'actrice indienne Parvathy Thiruvothu, qui estime que le retrait d'Annapoorani de la plateforme Netflix crée un dangereux précédent. Elle accuse l'industrie de "censurer à gauche, à droite et au centre jusqu'à ce que nous ne soyons plus autorisés à respirer".
De son côté, le porte-parole du VHP, Vinod Bansal, a déclaré que le retrait du film était une "victoire pour tous les Hindous".