Parmi les nombreux classiques qui rythment la carrière de Brian De Palma, il y a Blow Out. Il n'est pas le plus connu et s'est, dès sa sortie, attiré les foudres du public et de la critique. Depuis, le temps a fait son œuvre. Aujourd'hui, force est de constater qu'il s'agit là d'un des plus grands thrillers produits par le cinéma américain. Un film qui n'a rien envié aux exploits d'Alfred Hitchcock, maître à penser du réalisateur.
L'histoire suit Jack Terry (John Travolta), un preneur de son qui travaille sur des films de piètre qualité. Une nuit, alors qu'il espère capturer quelques sons d'ambiance en extérieur, un accident de voiture se produit sur un pont. Un bruit sourd fait dévier le véhicule de sa trajectoire qui tombe directement dans la rivière. Le technicien s'empresse de sauver les victimes, mais ne parvient qu'à secourir la passagère.
Jack Terry découvre que le conducteur, décédé, était un gouverneur et candidat très sérieux pour les prochaines élections présidentielles. Surtout, il comprend, en réécoutant ses enregistrements, que le bruit sourd était en réalité un coup de feu. L'accident se transforme en assassinat et l'ingénieur va tout faire pour retrouver son auteur.
LA FOLIE CONSPIRATIONNISTE
Si Blow Out se range dans les dignes héritiers du cinéma d'Alfred Hitchcock, il emprunte beaucoup à Blow Up de Michelangelo Antonioni. Son concept est d'ailleurs similaire. Dans le film d'Antonioni, c'est un photographe de mode qui, sur un cliché, croit apercevoir un meurtre. L'image est la réponse à tout. Dans la version de De Palma, tout est porté sur le son.
À sa sortie aux États-Unis, en juillet 1981, le paysage politique tente de se remettre du scandale du Watergate - survenu en 1974 - et de la fin de la guerre du Vietnam - 1975. Le cinéma hollywoodien voit apparaître de nombreux thrillers paranoïaques sur fond de théories du complot. Blow Out s'inscrit dans cette mouvance, se nourrissant de la folie conspirationniste - hélas encore d'actualité.
John Travolta, tout juste sorti du succès de La Fièvre du samedi soir et de Grease, est l'une des plus grandes stars du moment. Il retrouve ici Brian De Palma qui l'avait dirigé dans Carrie, cinq ans plus tôt, dans son tout premier rôle au cinéma. Quand l'acteur signe pour Blow Out, le budget est multiplié par six.
Le public et la critique s'attendent à voir un film conventionnel mais découvrent finalement un miroir inquiétant de leur époque qui se conclut sur une fin particulièrement noire - et toujours aussi étonnante. L'accueil est glacial. Beaucoup ne pardonnent pas à Brian De Palma sa fin désenchantée. Blow Out est un bide au box-office et abîme considérablement la carrière de John Travolta qui ne parvient pas à retrouver des rôles aussi sombres.
Ce n'est que des années plus tard, et notamment grâce à Quentin Tarantino et son amour pour le film, que Blow Out trouve enfin ses lettres de noblesse - entièrement méritées. Impressionné par John Travolta, le réalisateur de Kill Bill décide de l'engager pour Pulp Fiction, sacré Palme d'or au Festival de Cannes en 1994.
Blow Out est disponible sur Prime Video.