Cette semaine dans vos salles de cinéma, ne ratez pas La Fille de son père, véritable pépite mettant en scène une relation paternelle et filiale pas comme les autres, libre, fantasque, poétique.
L'histoire d’Étienne qui a vingt ans à peine lorsqu'il tombe amoureux de Valérie, et guère plus lorsque naît leur fille Rosa. Le jour où Valérie les abandonne, il choisit de ne pas en faire un drame. Étienne et Rosa se construisent une vie heureuse. Seize ans plus tard, alors que la jeune fille doit partir étudier et qu’il faut se séparer pour chacun vivre sa vie, le passé ressurgit.
Deux étoiles montantes du cinéma français...
Hymne à la famille, tombant à point nommé en cette période de fêtes de fin d'année, La Fille de son père est emmené par l'acteur Nahuel Perez Biscayart, émouvant à souhait dans la peau de ce père abandonné mais combatif. Révélation de 120 Battements par Minute et d'Au Revoir là-haut, le comédien offre une prestation décalée, tel un Buster Keaton frêle et burlesque, yeux écarquillés et sentiments mal déterminés.
A ses côtés, plus attachante que jamais, Céleste Brunnquell (révélée dans Les Eblouis et plus connue depuis la série En thérapie) est plus posée mais tout aussi drôle et surtout lumineuse. C'est à Cannes, où le film était projeté en clôture de la Semaine de la Critique, que nous avons rencontré la comédienne, timide mais heureuse d'être là et de porter ce bijou de projet, choix bien pensé à l'image de sa jeune carrière.
Un univers différent, burlesque, avec un vrai regard d'auteur
"J'essaie de faire très attention à mes choix de films, parce que pour moi, le point le plus important, c'est la sincérité dans ce que je peux faire. C'est l'importance d'être au clair avec certaines choses et ensuite de pouvoir s'abandonner complètement à quelque chose auquel on croit vraiment. C'est assez compliqué d'expliquer parce que c'est très instinctif", nous a confié Céleste Brunnquell, avant de préciser :
"En tant que spectatrice, je suis assez exigeante aussi. J'aime beaucoup le cinéma et je crois beaucoup à la possibilité de faire des formes nouvelles. Je prends le temps de faire des choix donc et le fait d'avoir joué dans En thérapie, avec ce personnage auquel les gens se sont identifiés, m'a permis de prendre ce temps aussi..."
Frais et novateur, La Fille de son père a en outre séduit l'intelligente comédienne, qui avait déjà beaucoup aimé le premier long métrage de son réalisateur :
"J'avais vu le premier film d'Erwan Le Duc et j'avais adoré. Et déjà, à la lecture du scénario, je voyais la sensibilité et l'intimité du propos. Ce que ça voulait raconter. On s'est rencontré ensuite et on a la même façon de voir le cinéma. Il a une vraie identité, un univers différent, du burlesque avec un vrai regard d'auteur." Un auteur qui sait autant émouvoir que faire rire dans ce film, nourri de gags et de trouvailles comiques.
...au service d'une relation père-fille pas comme les autres
"Rosa mon héroïne n'est pas le personnage le plus drôle et fantasque du film et je devais me placer un peu à l'écart de cela aussi, tout en ayant un décalage assez fort, mais qui se plaçait ailleurs. J'étais un peu observatrice de tous ces univers qui éclataient ensemble. En voyant tous mes partenaires au travail, qui étaient tellement drôles et sincères et touchants, j'ai énormément appris", a précisé encore Céleste Brunnquell.
Il est vrai que les acteurs -et personnages- qui gravitent à ses côtés sont tous inspirants et formidables. Mention spéciales aux rôles impayables du petit ami poète épique (Mohammed Louridi), à l'ami agent immobilier désabusé, en passant par la maire de la ville en crise (géniale Noémie Lvovsky) et l'amoureuse saine et sereine (émouvante Maud Wyler).
Un vrai rapport d'égalité et une ressemblance physique entre nos deux personnes, tous deux juvéniles
"Erwan, malgré les contraintes de temps, nous a laissé beaucoup de place, à nos idées, aux accidents aussi sur un décor. Qu'est-ce qu'un objet peut permettre pour transformer la scène. Et ce qui était drôle, c'est que sur le tournage, c'était comme si on avait oublié le texte écrit et appris par cœur et qu'on reprenait tout depuis le début avec le bagage des répétitions. On pouvait comme s'abandonner à la scène grâce à l'épuisement de tout qu'on avait pu tester avant", décrit Céleste Brunnquell.
Un travail d'équipe au cordeau magnifié par le duo au diapason qu'elle forme avec Nahuel Perez Biscayart :
"Il y a une résonance physique entre nous", commente-t-elle, "quelque chose d'instinctif, d'évident, sans artifice". Le tout au service d'une relation père-fille marquée entre autres par un rapport de confiance totale : "Je trouve ce travail de transmission, cette histoire d'amour magnifiques, avec un vrai rapport d'égalité et une ressemblance physique entre nos deux personnes, tous deux juvéniles. On ne sait pas trop où ils en sont dans leur parentalité et comment ils construisent tous deux leur vie à partir de leur relation." Ce qui fait le sel de leur histoire.
Drôle et émouvant, La Fille de son père après avoir conquis Cannes, réjouira votre fin d'année. Ne ratez sous aucun prétexte cet opus charmant, mettant en scène deux héros fusionnels et attachants, liés l'un par la perte d'une personne aimée et l'autre celle d'une mère, et pour qui, malgré tout, "il n'y a pas d'amour perdu", ni de place pour le drame ou alors en l'équilibrant savamment avec le poétique et le comique, et en l'armant de réflexions drôles et brillantes sur la mort, l'amour et le sexe. Rien que ça.
A découvrir au cinéma depuis le 20 décembre 2023.