De quoi ça parle ?
Un mari formidable, deux filles parfaites, un cabinet dentaire florissant : tout va bien pour Iris. Mais depuis quand n’a-t-elle pas fait l’amour ? Peut-être est-il temps de prendre un amant. S'inscrivant sur une banale appli de rencontre, Iris ouvre la boite de Pandore. Les hommes vont tomber… Comme s’il en pleuvait !
Vous avez aimé Antoinette dans les Cévennes ? Laure Calamy revient dans une comédie réjouissante. Voici quelques unes des bonnes raisons de vous laisser séduire !
Pour leurs retrouvailles, l'actrice Laure Calamy et la cinéaste Caroline Vignal changent de décor. Les scènes de vie parisiennes ont remplacé la verdure des Cévennes. La fraicheur et l'humour sont en revanche toujours au cœur de cette comédie pétillante et dans l'air du temps. Si Laure Calamy est une actrice que vous aimez suivre, vous aimerez assurément ce nouveau rôle taillé sur mesure pour elle.
Nous avons pu nous entretenir avec la réalisatrice (à retrouver en version podcast plus bas), avec qui nous sommes d'abord revenu sur le grand succès inattendu d'Antoinette dans les Cévennes.
AlloCiné : Comment avez-vous vécu le succès d'Antoinette dans les Cévennes (près de 800 000 entrées, Ndlr.) ?
Caroline Vignal (scénariste et réalisatrice) : Je pense que ça m'a fait beaucoup de bien. Cela m'a certainement confortée. Mais en même temps, je n'ai pas l'impression de l'avoir vécu totalement parce que, comme c'était une période très particulière -le film est sorti à une époque où on était encore en plein Covid-, j'ai fait très peu de festivals à l'étranger. Je n'ai pas pu voyager beaucoup avec le film. Il n'y avait pas du tout de mondanité.
De toute façon, ce n'est pas trop ma tendance, mais en l'occurrence, il n'y en avait pas. Et du coup, je connaissais les chiffres, je m'en réjouissais mais je peux pas dire que j'ai eu l'impression que ma vie a été changée du tout au tout, ce qui est peut- être pas plus mal.
Quand je tournais Antoinette, je me souviens que je me disais régulièrement : « Il faut pas que je me rate parce que j'ai envie de faire un autre film après. » Vraiment, il y avait cet enjeu- là. Comme je n'avais pas tourné depuis longtemps, si je m'étais plantée, c'était fini. Là, j'ai pu faire Iris et les Hommes avec une certaine liberté.
Votre nouveau long métrage semble très bien documenté, notamment pour tout ce qui concerne les sites de rencontres et les types d'échanges qui s'y tiennent. Etes-vous partie d'une situation réelle ?
L'idée m'a été soufflée par une amie, mais par contre, je dois dire que j'ai quand même un peu mené l'enquête ! C'est marrant parce que c'est un peu un monde à part. Quand on est en couple ou quand on n'est pas intéressé par les applications de rencontre, on en entend parler comme ça.
Ça peut être un peu Satan ou alors quelque chose comme ça d'un peu tentant, mais on ne sait pas ce que c'est. Les gens qui fabriquent les applications de rencontres sont très malins, parce qu'on ne peut pas aller voir sans s'inscrire. On ne peut pas être touriste, juste regarder et ne pas se mouiller un tout petit peu soi- même. On est obligé de créer un profil pour pouvoir aller voir les fiches des autres. Et donc c'est ce que j'ai dû faire.
Ce que j'ai mis dans le film, c'est ce qui se passe et ce que m'ont raconté plein de copines. Quand une femme s'inscrit sur un site de rencontre, elle est littéralement assaillie. C'est ce qui arrive à Iris. Elle est à un moment de sa vie où ça pourrait lui faire peur. Peut- être qu'une fille de 20 ans, de 25 ans, elle serait écœurée, mais Iris, elle a besoin de ça et du coup, ça lui fait un peu peur, mais ça lui fait du bien aussi.
Écoutez notre entretien en podcast avec Caroline Vignal :
Les messages échangés sonnent très réalistes. Est-ce qu'il y a beaucoup de vrai ?
Écoutez, oui ! En fait, j'ai tout archivé. Je gardais absolument tout parce que je trouvais que c'était des telles perles que je me sentais absolument incapable d'écrire des choses aussi... Je n'aurais pas pu écrire ça. J'ai tout conservé. Quand j'ai commencé à écrire le film, j'ai fait du collage avec plein de choses que j'avais pu recevoir quand je me suis inscrite.
Auriez-vous pu inverser les sexes du film ? L'intrigue n'aurait sans doute pas du tout été la même...
Non. J'ai non seulement enquêté, mais j'ai aussi lu beaucoup de livres sur les sites de rencontres et sur la vie amoureuse aujourd'hui. Le rapport de force est totalement en faveur des femmes sur les sites de rencontres. Mais après, si on voit les choses plus cyniquement, c'est comme en boîte de nuit, c'est-à- dire que les femmes sont le "produit". C'est pour ça qu'en boîte de nuit, l'entrée était gratuite pour les femmes et payante pour les hommes. Maintenant, c'est moins le cas, mais au départ, les sites de rencontres étaient gratuits pour les femmes et payants pour les hommes, parce que les femmes sont le "produit". C'est-à-dire qu'il faut qu'on soit là pour que les hommes viennent.
Il y a beaucoup d'hommes qui swipent systématiquement à droite, c'est-à-dire qu'ils likent, parce qu'ils savent que s'ils font les difficiles à l'étape du swipe, ils n'ont aucune chance d'avoir un match. Donc, il faut qu'ils swipent avec toutes les femmes pour avoir éventuellement la chance qu'une des femmes leur réponde.
Il y a beaucoup aussi de messages qui sont du copier-coller, où des hommes envoient le même message à plein de femmes pour avoir la chance qu'une femme morde à l'hameçon. Le rapport de force est complètement inversé.
Il y a une forme de crudité dans ce que vous racontez... Pas de crudité sexuelle, mais dans les échanges !
Il y a eu tellement de films sur l'amour, tellement de récits sur le désir que la seule manière de faire quelque chose d'intéressant encore aujourd'hui sur ces sujets, c'est de partir de choses les plus singulières et les plus intimes possibles. Sinon, on ne fait que reproduire des choses qu'on a vu dans un milliard de films. Avec ce film en particulier, c'était vraiment ça qui m'intéressait : d'allers vers des choses qui sont la vie quoi !
Ce que je préfère dans le film, ce sont les scènes d'intimité entre le personnage qu'incarne Laure Calamy et les hommes qu'elle rencontre. J'ai l'impression de ne pas les avoir vus au cinéma, ou en tout cas, pas depuis longtemps. Je me souviens à un moment pendant le tournage m'être dit : j'ai l'impression de faire un film des années 70. Car on est dans une époque tellement réactionnaire que ce sont des choses qu'on ne montre plus dans un cinéma grand public. (...) Et si ça perturbe un peu certains, tant mieux, car c'est aussi ça qu'on va chercher au cinéma. Aller voir un robinet d'eau tiède, ça ne m'intéresse pas. Le robinet d'eau tiède, on n'en manque pas, donc si on peut avoir de temps en temps des trucs qui nous aiguillonnent un peu, ce n'est pas plus mal.
Etait-ce une évidence de travailler à nouveau avec Laure Calamy ?
J'ai mis un peu de temps à y venir, mais au fond, ça ne pouvait pas être quelqu'un d'autre. D'abord, il y a une forme de projection que je peux faire en elle, que je peux pas faire avec tant d'actrices que ça. Une de ses principales qualités, pour ce rôle, c'est une espèce de sympathie. Ce personnage pourrait vraiment laisser des gens sur le côté, parce qu'elle fait des choses que certains peuvent juger répréhensibles, mais elle remporte l'adhésion parce que Laure amène ce qu'elle est, c'est-à-dire quelqu'un d'extrêmement sympathique, d'extrêmement accessible à première vue, qui est ce qui fait que tout le monde peut se projeter en elle, s'identifier. C'était très important pour moi que les spectateurs, qui allaient quand même être un petit peu bousculés, aiment ce personnage, qu'ils la comprennent, qu'ils l'aiment. Ça, je le dois en grande partie à Laure.
Propos recueillis au Festival du film francophone d'Angoulême 2023
Iris et les hommes de Caroline Vignal avec Laure Calamy et Vincent Elbaz est à voir actuellement au cinéma. Il est à l'affiche depuis le 3 janvier 2024.