Un film engagé, dans la droite lignée des Misérables
Haby (Anta Diaw), jeune femme très impliquée dans la vie de sa commune, découvre que le quartier dans lequel elle a grandi va être réaménagé. En effet, Pierre Forge (Alexis Manenti), le maire de la ville, prévoit la démolition du bâtiment 5 où Haby vit avec sa famille.
Avec les siens, elle se lance dans un bras de fer contre la municipalité et ses grandes ambitions pour empêcher la destruction de leur logement.
Trois récompenses au Festival de Cannes, quatre aux César et une nomination aux Oscars : c’est l’équation de la réussite qu’est parvenu à établir Ladj Ly en 2019 avec Les Misérables.
Près de quatre ans plus tard, le cinéaste est de retour avec Bâtiment 5, en salle dès le 6 décembre. Et s’il poursuit dans ce nouveau long-métrage le questionnement social initié dans le premier, la place qu’il y donne aux personnages féminins évolue drastiquement pour devenir centrale.
Choix à l’écriture du scénario ou simple constat d’une réalité, le réalisateur a un avis sur la question.
“L’image que l’on a des femmes des quartiers, qui seraient cachées, est un cliché”
De Damien Bonnard à Djebril Zonga en passant par Alexis Manenti (encore présent dans Bâtiment 5), Les Misérables voyait son intrigue essentiellement partagée entre des figures masculines, exception faite de la brillante Jeanne Balibar (elle aussi au casting du dernier film du cinéaste).
Pourtant, cette absence ne s’inscrivait à aucun moment dans une optique d’exclusion : “On m’a beaucoup reproché de ne pas avoir assez mis de personnages féminins dans Les Misérables, raconte Ladj Ly. Mais nous ne voulions pas que ce soit un sujet essentiellement masculin, que le rapport à la police reste essentiellement “une histoire de mecs !”.”
Un regret que le réalisateur compte bien corriger dans ce nouveau film, puisque les femmes y sont non seulement plus nombreuses, mais aussi plus engagées. Entre responsabilités et ambitions, ces figures modernes n’ont pourtant pas été écrites pour compenser un manque des Misérables, mais plutôt pour représenter une situation bien réelle.
“Pour autant, poursuit Ladj Ly, la place plus importante des femmes dans Bâtiment 5 n’a pas été si consciente que ça : c’est simplement parce que ça se passe comme ça dans la réalité.
Elles existent, sont fortes, se battent. L’image que l’on a des femmes des quartiers, qui seraient cachées, est un cliché. Elles sont au contraire très présentes, actives, notamment dans le milieu associatif.”
Si la charismatique Jeanne Balibar est de retour pour une deuxième collaboration avec le cinéaste, deux personnages féminins se démarquent dans ce nouveau long-métrage : Nathalie Forges, épouse du maire interprétée par Aurélia Petit, et Haby Keita, incarnée par la jeune Anta Diaw.
Si toutes deux sont engagées à leur manière, c’est surtout cette dernière qui se place au centre du film et s’inscrit en véritable lueur d’espoir et d’énergie positive dans un milieu saturé de pression.
“Avec Haby, j’essaie d’insuffler un peu d’espoir dans Bâtiment 5. Certes, j’y montre des personnages désabusés, qui n’y croient plus, mais elle représente une possible clé d’ouverture en décidant de s’impliquer jusqu’à se présenter aux élections municipales. Rien ne dit qu’elle sera élue, mais au moins, la démarche est là.”
Découvrez le destin d’Haby dans Bâtiment 5, de Ladj Ly, à découvrir au cinéma dès le 6 décembre.