C'est l'un des films ayant reçu la meilleure moyenne presse et spectateurs de 2023, avec un 4,1 sur 5, et sa genèse mérite un petit coup de loupe.
Ce film, c'est L'Enlèvement, à l'affiche depuis le 1er novembre, 5ème plus grand succès, en France, à ce jour du cinéaste Marco Bellocchio. Le réalisateur italien a notamment mis en scène Le Diable au corps, Le Traitre ou encore Vincere.
Il est intéressant de s'arrêter quelques instants sur la genèse de son dernier film en date, car on apprend qu'il aurait pu prendre une tournure très différente ! Avant Marco Bellocchio, un certain Steven Spielberg avait jeté son dévolu sur ce projet. Ou plus exactement sur l'histoire vraie qui a inspiré le film, l'affaire Mortara !
L'histoire de L'Enlèvement commence en 1852. Alors qu'il n'a qu'un an, le jeune Edgardo Mortara, né dans une famille juive, est baptisé en secret par une servante de la famille, qui craint pour sa vie car il est tombé gravement malade. Cinq ans plus tard, les soldats du pape Pie IX entrent chez les Mortara et arrachent l'enfant à la famille.
Suite à son kidnapping, le garçon est intégré à un séminaire créé pour convertir les Juifs et les Musulmans à la religion catholique. L'Enlèvement retrace son parcours, et le combat de ses parents pour le réintégrer dans leur famille et sa culture d'origine, dans une quête de justice se déroulant en parallèle d'événements politiques majeurs.
En 2016, Steven Spielberg avait pour projet de porter à l'écran l'affaire Mortara, avec Mark Rylance devant la caméra et Tony Kushner à l'écriture. Ce long métrage aurait dû être tourné après Ready Player One. Le réalisateur devait collaborer à l'époque avec Harvey Weinstein (avant que le mouvement #MeToo n'émerge) mais les deux hommes étaient en désaccord sur plusieurs points et Weinstein avait décidé de développer de son côté une autre adaptation de l'affaire, avec Robert De Niro au casting et l'Islandais Baltasar Kormakur à la mise en scène. Aucun de ces projet ne verra finalement le jour.
C'est en apprenant que Steven Spielberg avait laissé tomber le projet que Marco Bellocchio a finalement lancé ce projet. "Quand [Spielberg] a renoncé, je m’y suis remis avec d’autant plus d’intérêt que, en Italie, personne, à part quelques érudits de la communauté juive, quelques historiens ou spécialistes du Risorgimento [la période qui a abouti à l’unification de l’Italie dans la deuxième moitié du XIXᵉ siècle, ndrl], ne connaissait cette histoire", explique Marco Bellocchio dans les colonnes de Télérama.
Bien lui en a pris puisque cet Enlèvement lui a valu une prestigieuse sélection en compétition à Cannes cette année, et un excellent accueil de la presse et du public.
Du haut de ses 83 ans, Marco Bellocchio a une riche actualité puisque quelques salles de cinéma programment un autre film qu'il a réalisé : le documentaire Marx peut attendre, dans lequel il raconte, à travers les témoignages de sa famille, le suicide de son frère jumeau, Camillo.
L'Enlèvement et Marx peut attendre sont tous deux actuellement à l'affiche.
