Hayao Miyazaki, le maître de l'animation japonaise, est enfin de retour sur grand écran après 10 ans d'absence ! Avec Le Garçon et le Héron, le réalisateur nous offre une histoire remplie de mélancolie et de poésie dont lui seul a le secret. Le récit nous présente Mahito, un jeune garçon de 11 ans.
Après la disparition de sa mère dans un incendie, il doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne dans le village où elle a grandi. Il s’installe avec son père dans un vieux manoir situé sur un immense domaine où il rencontre un héron cendré qui devient petit à petit son guide et l’aide au fil de ses découvertes et questionnements à comprendre le monde qui l'entoure et percer les mystères de la vie.
COMMENT VIVREZ-VOUS ?
Le Garçon et le Héron est librement inspiré du roman Et vous, comment vivrez-vous ? de Genzaburo Yoshino, datant de 1937. Il s'agit d'un livre autrefois offert à Hayao Miyazaki par sa mère. Il relate une histoire de passage à l'âge adulte sur le développement émotionnel et philosophique d'un jeune garçon après le décès de son père. Dans Le Garçon et le Héron, c'est le contraire, le héros perd sa mère ; une scène du film montre d'ailleurs Mahito découvrant cet ouvrage avec un mot de sa maman qui dit "Pour élever Mahito".
Par ailleurs, comme dans plusieurs des oeuvres de Miyazaki, l'histoire oscille entre réalisme et onirisme. "Dans Le Garçon et le Héron , ces deux tendances cohabitent. Le début est très réaliste : en pleine guerre, un bombardement provoque un violent incendie, un hôpital est en flammes. La panique de la foule est traitée quasiment en peinture animée, une nouveauté chez Miyazaki", nous explique l'auteur Bernard Génin.
Ghibli
Si Miyazaki démarre son film de cette manière, c'est sans doute pour renforcer l’effet dramatique, peut-être aussi pour saluer son confrère disparu, Isao Takahata, "en évoquant le ton de son chef-d’oeuvre, Le Tombeau des lucioles", analyse Bernard Génin.
Le réalisateur de Chihiro s'autorise aussi une autre nouveauté marquante : "pour la première fois, Miyazaki le pudique, si discret en interview, avoue un soupçon d’autobiographie. En fait, on peut penser que, comme tous les artistes, il s’est glissé (consciemment ou non) dans deux personnages : le héros Mahito, un fils qui cherche désespérément sa mère, et le grand-oncle, un vieux sage inquiet sur l’avenir du monde en quête d’un successeur."
UN PROJET SECRET-DÉFENSE
Au Japon, la stratégie marketing du film a été pour le moins étonnante. Aucune image du Garçon et le héron n'a été dévoilée avant sa sortie le 14 juillet 2023, à l'exception d'une affiche énigmatique. Le producteur du studio Ghibli, Toshio Suzuki, avait expliqué ce choix au magazine Bungei Shunji.
"Le but de Ghibli est que les spectateurs viennent voir nos films. Depuis des années, nous avons donc fait les choses de différentes manières pour attirer le public. Mais cette fois-ci, nous nous sommes dit que nous n'avions pas besoin de faire cela. À force de faire la même chose, encore et encore, on finit par s'en lasser. Nous voulions donc faire quelque chose de différent", avait déclaré le producteur.
Cependant, lors de l’ouverture de l’exposition Ghibli à Tokyo, Hayao Miyazaki avait commencé à émettre des doutes quant à cette stratégie : "Je me demande si ça se passera bien sans publicité. Je commence à m’inquiéter... Je suis inquiet, c’est tout", avait-il confié.
Ghibli
L'accueil réservé au film au box-office nippon a dû rassurer le cinéaste japonais : Le Garçon et le Héron a rapporté 1,83 milliard de yens durant son premier week-end d'exploitation en salles, soit le meilleur démarrage de toute l'histoire du studio devant Le Château ambulant et ses 1,48 milliard de yens le premier week-end de sa sortie en 2004. Après 2 semaines d'exploitation, l'oeuvre a totalisé un peu plus de 3 millions d'entrées et rapporté 4,69 milliards de yens.
À noter que cette oeuvre est sans doute la plus chère du studio Ghibli, voire du cinéma japonais en général selon le producteur Toshio Suzuki. "Je pense que nous avons dépensé plus d’argent pour faire Le Garçon et le Héron que pour n’importe quel autre film jamais réalisé au Japon, probablement", avait -il expliqué dans l'émission Hiroyuki no Ikisakimitei sur YouTube.
Ce dernier avait confié auparavant que Le conte de la princesse Kaguya, réalisé par Isao Takahata en 2014, était considéré comme le film le plus cher du studio Ghibli. Son budget s'élevait à 5,15 milliards de yens (32,4 millions d’euros).
Ghibli
Une musique magique
Joe Hisaishi, qui a signé la musique de tous les films de Hayao Miyazaki, à l'exception de son premier film, Le Château de Cagliostro, a composé la bande-originale du Garçon et le Héron.
