Sorti sur nos écrans ce mercredi 11 octobre, Le Consentement est le second long métrage réalisé par Vanessa Filho, après Gueule d'ange, porté par Marion Cotillard en 2018. Mais c'est aussi, et avant tout, un livre choc signé Vanessa Springora et publié en janvier 2020.
Un récit qui revient sur sa relation d'emprise avec l'écrivain Gabriel Matzneff, alors âgé de 50 ans quand elle n'en avait que 14. Il y est notamment question de pédophilie, mais également du fait de se réapproprier une histoire. La sienne. Ce qui résonne encore plus aujourd'hui alors que l'autrice a confié à une réalisatrice le soin de mettre cette partie de sa vie en images.
Trois ans après sa sortie en librairie, Le Consentement se raconte donc au cinéma, avec Jean-Paul Rouve et Kim Higelin dans les rôles principaux. Mais le processus d'adaptation, auquel Vanessa Springora a collaboré, n'a pas été facile : "J’avais beaucoup hésité, parce que je trouvais que c’était vraiment très difficile - très dangereux même", déclare l'écrivaine sur le plateau de Quotidien.
"Il y avait beaucoup d’écueils dans l’adaptation possible de ce texte. Parce que montrer cette relation peut aussi donner l’impression de [la] romantiser. C’est compliqué en fait de laisser voir sans montrer, sans être explicite et sans non plus donner une image idyllique de quelque chose qui est affreux. Sans non plus être un repoussoir."
"Il faut trouver le bon équilibre et c’est ce qu’a très bien réussi à faire Vanessa Filho, mais j’avais beaucoup hésité au départ, parce que je n’avais pas écrit dans l’idée que ce livre puisse être mis en images. Parce que je sais que l’image est beaucoup plus directe, beaucoup plus brutale, d’une certaine manière."
"Et il fallait toute la délicatesse d’une réalisatrice comme Vanessa Filho pour arriver à compenser, justement, cette violence qui n’est plus médiatisée par les mots mais par l’image. Il y a un côté où l’on se prend ça dans la figure. C’est un peu un uppercut."
Il fallait toute la délicatesse d’une réalisatrice comme Vanessa Filho pour arriver à compenser, justement, cette violence qui n’est plus médiatisée par les mots mais par l’image
"Et, en même temps, je trouve qu’il est très important que le livre soit mis en images et qu’il existe sous cette forme là, parce que je trouve qu’on voit encore mieux la violence. Le cinéma met en jeu les corps, l’image, toutes les sensations. C’est un art total donc on voit beaucoup plus l’aberration, l’anomalie qu’était cette histoire."
"Voir le film était très difficile, forcément. D’abord il y a un côté un peu schizophrénique à voir sa vie représentée à l’image. Et, en même temps, il y a aussi un détachement qui se fait, parce que c’est moi mais ça n’est pas moi et, surtout, ce qui est important, c’est qu’aujourd’hui cette histoire devient l’histoire de tout le monde."
"Beaucoup de personnes vont se reconnaître, je pense, dans ce film. Malheureusement, car je suis loin d’être la seule à avoir vécu une histoire de ce type, et les chiffres le disent. Mais ce que je trouve très important, c’est qu’aujourd’hui cette histoire aille vers un public beaucoup plus large."
"Qu’elle touche aussi les jeunes, peut-être aussi des gens qui n’ont pas pris conscience de cette violence en lisant le livre et qui, peut-être là, grâce au pouvoir de l’image, vont aussi revenir sur leur point de vue. Et puis j’ai la chance d’avoir fait cette rencontre avec Vanessa Filho. Et d’avoir des comédiens qui ont interprété cette histoire et qui m’ont soufflée."
"Le Consentement" de Vanessa Springora est toujours disponible aux éditions Grasset. Et son adaptation cinématographique signée Vanessa Filho est à voir au cinéma en ce moment.