Depuis Wesh wesh qu'est-ce qui se passe ?, Rabah Ameur-Zaïmeche, 57 ans, s'est imposé comme l'un des plus brillants francs-tireurs du cinéma français. Le 6 septembre, le metteur en scène est de retour derrière la caméra avec Le Gang des bois du temple, son 7ème long-métrage.
L'intrigue nous présente monsieur Pons (Régis Laroche), un militaire à la retraite vivant dans le quartier populaire des Bois du Temple. Au moment où il enterre sa mère, son voisin Bébé, qui appartient à un groupe de gangsters de la cité, s'apprête à braquer le convoi d'un richissime prince arabe.
Le film est basé sur un fait divers survenu en 2014. Un gang lourdement armé issu de la Seine-Saint-Denis attaque un van noir transportant les affaires personnelles d’un prince arabe, un homme parmi les plus riches du monde. Le braquage se passe sur une bretelle de l’autoroute A1 à hauteur de la porte de La Chapelle.
"La tête pensante du coup était un Gitan du Val-d’Oise, dont l’oncle était l’une des grandes figures du banditisme... Pour lui, c’était à la fois un hommage familial et un véritable défi de se porter à sa hauteur. Et il s’était associé à une bande de lascars de la cité des Bois du Temple. J’avais trouvé ce fait divers édifiant et l’avais, pour ainsi dire, gardé en réserve jusqu’à l’assassinat, en 2018, du journaliste Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite, à Istanbul", explique Rabah Ameur-Zaïmeche.
Le cinéaste était sidéré à la fois par la brutalité de l’acte et par l’impunité d’une telle violence sanguinaire, "commise par de hauts dignitaires si puissants qu’ils se croient au-dessus des lois et de la justice humaine. Nous avons décidé de mêler ces deux faits divers et d’en faire un nouveau scénario."
À noter que la cité des Bois du Temple se trouve à Clichy-sous-Bois, au Nord-Est de la Seine-St-Denis. "Elle a été construite à la fin des années 60 sur des marécages au milieu des bois, tout près d’une vieille chapelle, d’une source réputée miraculeuse et de trois croix, dressées à proximité", indique le réalisateur.
PARIS DANS LE SUD
Cependant, le film n'a pas été tourné en région parisienne. L'équipe de Rabah Ameur-Zaïmeche a posé ses caméras à Bordeaux dans la cité de Grand Parc, elle-même construite sur d’anciens marais. La team a également tourné à Marseille. Pour le metteur en scène, la cité phocéenne était parfaite "pour ses lumières de nuit, ses autoroutes qui, après avoir survolé la ville, plongent dans des tunnels souterrains, sombres et inquiétants."
"En somme, que ce soit en banlieue parisienne, bordelaise ou marseillaise, les territoires urbains se ressemblent et se réinventent sans cesse. Traversant les fleuves et se répandant dans les vallées, ils s’effilochent sur les flancs de montagne et s’émancipent des centre-villes, transformés en musée d’attraction pour les touristes du monde entier."
RETOURNER DANS LES QUARTIERS POPULAIRES
Avec Le Gang des bois du temps, Rabah Ameur-Zaïmeche renoue avec les histoires se déroulant dans les quartiers populaires, 20 ans après Wesh wesh qu'est-ce qui se passe ? Selon le cinéaste, "il y a encore plein de cinéma dans ces quartiers ! C’est là qu’une grande partie du prolétariat réside, peuplé des minorités du monde entier."
D'après le metteur en scène, ce prolétariat n’est plus le même qu’autrefois, quand il était structuré autour d’associations, de partis et de syndicats.
"Il est plus fragmenté, plus isolé, à présent qu’il est privé d’outils politiques essentiels et divisé par des idéologies réactionnaires et nauséabondes. Cependant, contrairement aux oligarchies avides de pouvoir et d’argent qui nous terrifient en fomentant des guerres, des famines et les pires des atrocités, ce prolétariat rêve toujours d’une vie paisible et fraternelle. Les gens ont des vies simples, des aspirations simples... Ils vivent et ils meurent ensemble, comme les membres du gang des Bois du Temple", explique le réalisateur.
Le Gang des bois du temple est sorti en salles le 6 septembre.