De quoi ça parle ? Pilote de ligne confirmée, Estelle mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume, son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel…
Retour en France
Visions marque le retour de Diane Kruger dans un film français, sa dernière apparition dans une production hexagonale remontant à Tout nous sépare en 2017. Un éloignement dû à sa vie familiale avec son compagnon, l'acteur Norman Reedus : "Ces dernières années avec le Covid, les confinements et ma vie de famille qui s’est enrichie, j’ai moi aussi été bousculée et impactée par ce ralentissement. En tant que jeune maman, je ne souhaitais pas m’éloigner de ma fille, ni de son père."
Genèse
Yann Gozlan voulait explorer les thèmes du contrôle et du dérèglement, une dualité qui le fascine. "Je suis convaincu qu’on reste malgré tout, sous la surface, des êtres animés de pulsions. On a beau vouloir raisonner et se présenter comme des personnes civilisées, notre part animale est toujours là, prête à faire éclater les digues qu’on s’est construites pour contenir nos instincts..."
En parallèle, il évoquait souvent avec Michel Fessler, l’un des co-scénaristes, les rêves prémonitoires. C'est ce dernier qui lui a proposé, peu de temps avant le tournage d'Un homme idéal, l'histoire d'une femme hantée par un rêve, celui d’une maison, qui finissait par faire irruption dans le réel. Le réalisateur conclut : "J’ai décidé alors de fusionner mon envie de départ sur le thème du contrôle avec ce début de récit qui m’intriguait autour des prémonitions".
Documentation
Le réalisateur s'est beaucoup documenté en amont de l'écriture. Il s'est intéressé au métier de pilote et en a rencontré plusieurs. Il était nécessaire que toutes les scènes de cockpit soient les plus authentiques possibles, par souci de crédibilité mais aussi parce que "cet ancrage réaliste était indispensable pour permettre au film de basculer dans une dimension plus onirique".
Il s'est aussi plongé dans la lecture de livres traitants de la psychanalyse et de l’inconscient. L'un des ouvrages de référence qui l’a accompagné tout au long de l’écriture a été L’inquiétante étrangeté de Sigmund Freud : "A travers cet essai, Freud nous explique que l’étrangeté est d’autant plus angoissante qu’elle se loge dans ce qui nous est le plus familier. Ce que nous nommons le familier est-il ce que nous connaissons le mieux ? Que penser du chez soi, de l’intime ?"
L'ombre de Robert Altman
Concernant le climat du film, Yann Gozlan avait en tête deux longs-métrages de Robert Altman découverts à l'adolescence et qui l'ont beaucoup marqué : Images et Trois femmes. "Quelque chose de particulièrement étrange et envoûtant se dégageaient de ces deux œuvres. Un jeu fascinant entre fantasme et réalité."
À dormir debout
Lors de la préparation du film, Yann Gozlan s'est entretenu avec des pilotes qui lui ont fait part de leurs troubles du sommeil et de la nécessité de prendre des somnifères puissants pour pouvoir dormir, appelés Stilnox. Le réalisateur n'a pas eu l'autorisation d'utiliser ce nom et a dû inventer l'appellation "Nyxstill".