L'Histoire du cinéma est constellée d'exemples de très fameux directeurs de la photographie qui ont, un jour, par défi et / ou par envie, franchi le pas en passant eux-mêmes à la réalisation. Avec, bien entendu, plus ou moins de bonheur.
On peut citer Nicolas Roeg, qui fut notamment directeur de la photographie sur le Docteur Jivago de David Lean, et signa en 1970 un pur chef-d'œuvre, La Randonnée (1970), et Ne vous retournez pas, en 1974.
Barry Sonnenfeld, chef opérateur fétiche des frères Coen qui signa la photo de Blood Simple ou Miller's crossing, parti réaliser La Famille Addams et Men in Black.
Jan de Bont, le chef op' de Paul Verhoeven, qui travailla sur La Chair et le sang et Basic Instinct, mais aussi avec John McTiernan sur Piège de cristal et A la poursuite d'Octobre rouge, qui signa en 1994 un des plus gros succès de l'année, Speed, avant de cartonner à nouveau deux ans plus tard avec Twister.
Figure très respectée dans la profession, Wally Pfister est l'un des meilleurs de sa profession. Et il est aussi le directeur de la photo fétiche de Christopher Nolan, qui l'avait engagé sur Memento.
Jusqu'à The Dark Knight Rises, le cinéaste lui a confié la direction de la photographie de tous ses films. Imposant une patte visuelle devenue à Hollywood une véritable marque de fabrique et un mètre étalon, Pfister a d'ailleurs été récompensé par un Oscar pour son travail sur Inception.
En 2014, Pfister a cédé aux chants des sirènes de la réalisation en signant son premier long, Transcendance. Mais même avec l'avantage d'une énorme expérience sur les plateaux de tournage acquise au fil des ans, c'est toujours un pari pour savoir si les tentatives seront réussies ou manquées. Dans le cas de Transcendance, le résultat a malheureusement eu la vigueur d'un uppercut pour Pfister...
Thriller de science-fiction porté par Johnny Depp, Paul Bettany et Morgan Freeman, le film déroule son intrigue supposément dans un futur proche. Un groupe de scientifiques tente de concevoir le premier ordinateur doté d’une conscience et capable de réfléchir de manière autonome.
Ils doivent faire face aux attaques de terroristes anti-technologies qui voient dans ce projet une menace pour l’espèce humaine. Lorsque le scientifique à la tête du projet est assassiné, sa femme se sert de l’avancée de ses travaux pour "transcender" l’esprit de son mari dans le premier super ordinateur de l’histoire.
Pouvant désormais contrôler tous les réseaux liés à internet, il devient ainsi quasi omnipotent. Mais comment l’arrêter s’il perdait ce qui lui reste d’humanité ?
Préfigurant en quelque sorte plusieurs années en amont les bonds de géants effectués en matière d'intelligence artificielle qui est désormais largement au cœur de l'actualité, le film s'est fait rincer par la critique à sa sortie.
Et le public n'a pas davantage suivi. Budgété à hauteur de 100 millions de dollars, il n'avait ramassé qu'un peu plus de 10 millions de dollars pour son premier week-end d'exploitation aux Etats-Unis, pour terminer sa carrière au box office mondial à 103 petits millions.
Une sacrée douche froide pour le studio derrière le film, Warner, et plus encore pour Wally Pfister, qui n'a, depuis dix ans, plus réalisé un seul film.... Depuis cette date, il n'a dirigé que quatre épisodes de la série Flaked diffusée sur Netflix, et deux épisodes de la série Amazon The Tick.
Cela n'hypothèque évidemment en rien qu'il puisse revenir un jour prochain aux manettes d'un long métrage, mais quelque chose nous dit que de ce côté là, son purgatoire ne semble hélas pas tout à fait terminé...