Sept longues années après Moka, son dernier film au cinéma, le réalisateur Frédéric Mermoud est de retour derrière la caméra avec La Voie Royale. Cette fois, le cinéaste nous raconte l'histoire de Sophie, une lycéenne brillante.
Encouragée par son professeur de mathématiques, elle quitte la ferme familiale pour suivre une classe préparatoire scientifique. Au fil de rencontres, de succès et d’échecs, face à une compétition acharnée, Sophie réalise que son rêve, intégrer Polytechnique, représente plus qu’un concours... un vrai défi d’ascension sociale.
Dans ses premiers courts métrages, Frédéric Mermoud avait déjà abordé le récit d’apprentissage. Ainsi, L’Escalier évoquait les premiers émois amoureux d’une jeune fille. Le réalisateur avait également exploré ce thème dans Complices, son premier long-métrage. Il s'agit d'un polar entremêlant deux lignes narratives, dont une qui raconte l’histoire d’une lycéenne tombant amoureuse d’un prostitué.
Il y a plusieurs années, le cinéaste avait dit à Tonie Marshall, qui était sa productrice, qu'il désirait refaire un film sur ce moment clé où l’on devient acteur de sa vie et doit faire des choix. Des choix qui impactent notre vie amoureuse, nos études, notre engagement politique.
"Ce moment où, tout d'un coup, on décide qui on veut devenir sans être complètement sûr d’être sur la bonne voie. Tonie venait justement de lire un scénario d‘Anton Likiernik qui se déroulait dans les classes prépas scientifiques, ce qui m’intéressait d’autant plus que cela avait été peu filmé. Nous l’avons retravaillé ensemble", confie Frédéric Mermoud.
TRAVAIL DE RECHERCHE
En amont du tournage, le metteur en scène a rencontré de nombreux élèves et professeurs. Il a aussi visité plusieurs prépas et assisté aux oraux de Polytechnique. Par ailleurs, l'artiste a pris contact avec des étudiants qui vivaient le même moment charnière que Sophie.
Selon le réalisateur, Suzanne Jouannet, qui incarne Sophie, a passé du temps avec une jeune fille qui passait les concours de l’X et, pendant le tournage, son fils cadet a été reçu dans une prépa scientifique : il a été un peu son "insider !" Frédéric Mermoud a aussi collaboré avec un jeune doctorant, Jérémie Klinger, qui passait sa thèse en physique à Normale Sup, et qui a été son conseiller scientifique.
"Il a visé tous les exercices, vérifié les équations écrites au tableau et surtout aidé les acteurs à s’approprier ce langage qui était totalement inconnu pour eux. Il a été mon garant sur la crédibilité scientifique du projet. J’ai aussi beaucoup lu M Campus, une rubrique du Monde qui relate de façon très documentée l’actualité des différentes filières", explique le cinéaste.
LA RÉVÉLATION DU FILM
La Voie Royale repose beaucoup sur la performance de son interprète principale, Suzanne Jouannet, vue notamment dans Les Choses Humaines d’Yvan Attal. Frédéric Mermoud souhaitait trouver une Rosetta, même s'il n’allait pas la filmer à la façon des frères Dardenne !
"Je cherchais une sorte de petit taureau têtu, avec une énergie folle. Avec la directrice de casting Okinawa Guerard, nous avons auditionné beaucoup de jeunes actrices et Suzanne s’est imposée", confie-t-il.
"Je sais que c’est un peu cliché, mais dès les premiers essais, j’avais eu l’intuition qu’elle incarnait exactement le personnage que je recherchais. Suzanne est solaire, d’un naturel joyeux et spontané, mais elle a aussi une dimension plus profonde, plus intense, presque borderline", analyse le metteur en scène.
Pour Frédéric Mermoud, ce personnage est hors-norme, avec une générosité de jeu et une vérité qu'il a rarement rencontré. "Je ne l’avais pas encore vu jouer dans Les Choses humaines. Elle était alors pour moi une actrice sans passé, et j’aimais ça", conclut-il.
La Voie Royale est sorti en salles le 9 août.