"Mes enfants marchaient à quatre pattes quand je parlais du film. Aujourd'hui, ils travaillent dessus !" Il aura fallu vingt ans à Robert Rodriguez pour porter à l'écran Hypnotic, une idée originale sur laquelle il travaille depuis 2002, et qu'il a enfin tourné, aidé par ses enfants devenus grands (Rebel Rodriguez à la musique, Racer Max à la production et ses autres héritiers en renfort sur le montage, les effets spéciaux ou les storyboards).
Cet accomplissement, Robert Rodriguez l'a célébré en mai dernier au Festival de Cannes en Séance de Minuit, retrouvant avec grand plaisir la Croisette après ses sélections pour Desperado (1995) et Sin City (2005). Porté par Ben Affleck, Alice Braga et William Fichtner (qui accompagnait le cinéaste à Cannes), Hypnotic figure parmi les histoires originales préférées du réalisateur de Une nuit en enfer.
"Ce film est né de mon amour des films de Hitchcock", explique t-il à AlloCiné. "A l'époque, il venait d'y avoir une ressortie de Sueurs Froides, et j'ai voulu proposer quelque chose dans cette veine. J'ai toujours adoré ce genre de films, même quand j'étais gamin. Très généreux, beaucoup de rebondissements et un titre en un mot (Vertigo, NDLR). J'ai immédiatement pensé à Hypnotic".
Le long métrage, qui voit un inspecteur enquêter sur des braquages mystérieux et découvrir un lien avec la disparition de sa fille, utilise la manipulation mentale comme ressort scénaristique. "Il y a cette idée de grand méchant, quelqu'un que le héros essaie de coincer mais qui n'arrête pas de modifier sa perception de la réalité avec des pouvoirs qui repoussent les limites de l'hypnose."
Je ne pensais pas qu'on pouvait reprendre un film vingt ans après
"J'ai commencé à écrire en 2002, certaines scènes sont toujours dans le film que vous avez vu d'ailleurs, et puis j'ai dû mettre ça de côté et finir d'autres projets. Et avant que vous ne vous en rendiez compte, quinze années se sont écoulées. Et puis Alita m'a été proposé ainsi que quelques autres projets. Et enfin, j'ai pu me remettre à Hypnotic. Je ne pensais pas qu'on pouvait reprendre un film vingt ans après, mais je tenais à ce projet et je suis ravi d'avoir enfin pu le finaliser."
Au-delà de sa dimension de thriller policier et mental, dont certaines séquences évoquent Inception ou l'univers visuel de Doctor Strange, Hypnotic parle de cinéma et recèle une vraie dimension méta. "Finalement, c'est un peu ce que nous faisons, nous réalisateurs. Créer un univers qui hypnotise le spectateur au point de croire qu'il n'y a ni acteurs, ni scénario. J'avais toujours voulu réaliser un film sur le cinéma".