ÇA PARLE DE QUOI ?
La vie d'Olfa, Tunisienne et mère de 4 filles, oscille entre ombre et lumière. Un jour, ses deux filles aînées disparaissent. Pour combler leur absence, la réalisatrice Kaouther Ben Hania convoque des actrices professionnelles et met en place un dispositif de cinéma hors du commun afin de lever le voile sur l’histoire d’Olfa et de ses filles.
Un voyage intime fait d’espoir, de rébellion, de violence, de transmission et de sororité qui va questionner le fondement même de nos sociétés.
QUAND LA RÉALITÉ REPOUSSE LES LIMITES DU CINÉMA
2015, Tunisie : un fait divers fait la Une de l’actualité et défraie la chronique dans le monde entier. Olfa Hamrouni convoque tous les médias et tente de tout faire pour retrouver ses deux filles aînées. Celles-ci ont quitté le pays pour rejoindre le jihad et combattre en Libye aux côtés de Daech. À l’époque, cette mère n’hésite pas à critiquer publiquement les autorités tunisiennes qu’elle accuse de n’avoir rien fait pour empêcher le départ de ses filles.
Bien plus qu’une simple affaire, la réalisatrice Kaouther Ben Hania voit dans ce sujet un thème sur lequel braquer la lumière, celui d’une forme de malédiction qui voudrait que l’on reproduise la violence de génération en génération, le tout sur fond de patriarcat. Souhaitant alors réaliser un documentaire sur cette histoire, la cinéaste contacte Olfa Hamrouni pour la convaincre d’être filmée en compagnie de ses deux cadettes, restées avec elle.
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Le but : que ces trois femmes puissent parler à coeur ouvert de leur avis sur la question, raconter leur vie et se confier face caméra sur leurs discordes. Pour les accompagner, Kaouther Ben Hania fait appel à trois actrices : deux jeunes femmes incarnant les filles aînées disparues, et la comédienne réputée Hend Sabri dans le rôle d’Olfa Hamrouni, pour les séquences les plus dures et douloureuses.
UNE OEUVRE IMPRESSIONNANTE ET MULTI-RÉCOMPENSÉE
Risqué, le pari de la réalisatrice se révèle brillamment relevé dans un long-métrage d’une ampleur impressionnante, illuminé par un dispositif jamais vu auparavant, où les artifices du cinéma ouvrent les voies d’une introspection profonde et bouleversante. Mêlant donc fiction et réalité, Les Filles d’Olfa offre une analyse à la fois réaliste, fine et concrète du radicalisme et de la manière dont il peut déchirer une famille, mais aussi de la déconstruction politique, idéologique et sociale.
Présenté en Compétition officielle au Festival de Cannes 2023, le film ne tarde pas à créer l’engouement des premiers spectateurs et de la presse, voyant ici “Une œuvre sidérante. Notre palme d’or”, pour Le Parisien, ou encore d'une “intensité émotionnelle inoubliable”, selon Télérama.
Résultat, le long-métrage décroche pas moins de 4 prix à l’issue de l’évènement : L’Oeil d’or, le Prix de la Citoyenneté, le Prix du Cinéma positif, ainsi qu’une mention du Prix François-Chalais récompensant un film voué aux valeurs du journalisme. Une longue liste faisant des Filles d’Olfa l’œuvre la plus récompensée de cette 76ᵉ édition, mais surtout un film à ne manquer sous aucun prétexte.
Les Filles d’Olfa, de Kaouther Ben Hania, actuellement au cinéma.
