"Ce que représente le genre du western pour moi ? Il est avant tout indissociable de notre pays, de l’Amérique. Sachant que l’Amérique a été fondée par les Européens. Je crois que personne ne me prend pour autre chose qu’un Américain. Et je l’accepte totalement : c’est ce que je suis.
Ça ne m’empêche pas d’apprécier le reste du monde et de voyager pour découvrir comment fonctionnent les autres pays, mais je reste américain. Je ressens donc régulièrement le besoin de revenir au western".
C'est ce que nous confiait Kevin Costner, que nous avions eu le grand plaisir de rencontrer en 2016. Le Western est effectivement indissociable de sa filmographie. Et même de l’image de l’acteur-réalisateur, qui n’a cessé de revenir au genre depuis ses débuts sous le stetson de Silverado en 1985. Qu'on en juge : Danse avec les loups, Wyatt Earp, la mini-série Hatfields & McCoys, Yellowstone...Même Les Incorruptibles ou Revenge relèvent clairement d’une dimension "westernienne", malgré leur apparente modernité.
On ne saurait être exhaustif sans citer le formidable Open range, sorti il y a déjà près de vingt ans. L'histoire ? Du classique comme on aime. Au coeur de l’Ouest sauvage, quatre hommes convoient du bétail. Pour Charley (Kevin Costner), Boss (Robert Duvall) , Button (Diego Luna) et Mose (Abraham Benrubi), il est question de vivre libres et d’échapper à leur passé. Ils ne cherchent pas la violence, s’attachant à un code d’honneur, de loyauté et de justice. Mais leur arrivée à Harmonville, petite ville sous la coupe du tyrannique Baxter (Michael Gambon), va les forcer à passer à l’action...
Le grand succès en salle d'Impitoyable d'Eastwood avait permis au western de refaire brièvement surface, entraînant d'autres films dans son sillage, avec plus ou moins de bonheur. Mais le soufflé retomba assez rapidement, comme un retour à la case départ, avec son cortège de difficultés à convaincre les décideurs d'Hollywood de financer ce genre de film.
"Prendre une option sur ce livre [The Open Range Men, écrit par Lauran Paine] relevait de la pure folie étant donnée la réticence d'Hollywood à ce genre cinématographique" commentait en 2003 le scénariste du film, Craig Storper. "Le dernier vrai succès dans ce domaine a été Impitoyable, il y a déjà plus de dix ans. Il faut vraiment croire à l'histoire et trouver les partenaires qui ont les tripes pour la raconter avec vous."
Comme à l'époque de Danse avec les loups, que Costner avait défendu presque seul contre tous, Open Range a pu être réalisé en marge des grands studios d'Hollywood pour seulement 22 petits millions de dollars, via sa société, Tig Productions. Les presque 70 millions de dollars récoltés au Box Office mondial ne sont pas une injure, mais il aurait très clairement mérité plus.
Western rugueux doté d'une photographie sublime, hommage aux maîtres passés d'un genre tombé en désuétude qui a pourtant façonné l'histoire de l'Amérique et son mythe des grands espaces, Open Range se distingue en outre du tout-venant du western moderne par la maestria de son règlement de comptes final. Ici, pas de héros, les hommes ont réellement peur de mourir dans la grand-rue, et ratent souvent leurs cibles. Mais lorsqu'ils font mouche, ça fait très, très mal...
Si vous n'avez pas encore vu ce grand film, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Open Range est disponible en VOD, ainsi qu'en DVD / Blu-ray.