Dario Argento, 79 ans, est un cinéaste aussi fascinant qu'exubérant. Figure iconique du giallo (genre à la frontière du cinéma policier, de l'horreur et de l'érotisme), le metteur en scène italien nous a offert de nombreuses oeuvres mémorables.
Le 12 juillet, Les Films du Camélia propose une ressortie de 6 longs-métrages du maestro dans des versions restaurées 4K. Parmi ces classiques, Les Frissons de l'angoisse est un des plus remarquables.
Mise en scène oppressante, scénario labyrinthique, musique lancinante, Dario Argento met nos nerfs à rude épreuve avec ce chef-d'œuvre du thriller horrifique, à la réalisation baroque, dans la grande tradition du giallo.
L'intrigue nous présente Marc Daly, pianiste de jazz américain installé à Turin. Ce dernier assiste un soir au meurtre de Helga Ullman, une célèbre parapsychologue de passage en Italie. Il tente de lui porter secours, mais en vain.
Déclaré témoin oculaire et lui-même victime d’une tentative d’assassinat, il décide de mener l’enquête en compagnie d’une journaliste, tandis que les meurtres se multiplient.
Les Frissons de l'angoisse est directement inspiré du classique de Michelangelo Antonioni, Blow Up. Dans les deux films, le héros est témoin d'un meurtre mais ne comprend pas ce qu'il voit. Il n'a qu'une vue partielle des événements et c'est en analysant ses souvenirs qu'il va pouvoir résoudre l'enquête.
Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Dario Argento a choisi David Hemmings pour le rôle principal, lui qui portait déjà sur ses épaules le film d'Antonioni. Fun fact : les mains gantées de cuir noir du tueur ne sont autres que celles de Dario Argento lui-même.
LE SON DE GOBLIN
Si Les Frissons de l'angoisse est aussi marquant, c'est également grâce à sa bande-originale aussi inquiétante qu'entêtante. Après trois collaborations fructueuses avec le génial compositeur Ennio Morricone, Dario Argento souhaite changer de registre musical.
Il contacte d'abord le groupe Pink Floyd mais la collaboration n'aboutit pas. Puis, Giorgio Gaslini devient le compositeur attitré avant d'être remplacé par un groupe de rock progressif encore inconnu du grand public : Goblin.
Menés par Claudio Simonetti, les Goblin et leurs compositions deviennent indissociables du cinéma d'Argento. Ils signent quelques-unes des bandes originales les plus célèbres du cinéma horrifique, dont Ténèbres, Suspiria mais aussi Zombie de George A. Romero.
ROUGE PROFOND
Si le titre français du film est Les Frissons de l'angoisse, il est plus énigmatique dans sa version originale : Profondo Rosso (Rouge Profond en italien). Le nom de l'oeuvre a changé a plusieurs reprises au cours de la production. En premier lieu, il a été annoncé que le titre serait "La tigre dai denti a sciabola" (Le Tigre à dents de sabre ).
L'idée était de conserver la continuité des titres de la trilogie animalière de Dario Argento (L'Oiseau au plumage de cristal, Le Chat à neuf queues et Quatre Mouches de velours gris). Toutefois, le réalisateur a déclaré plus tard avoir propagé ce titre pour se "moquer de la presse".
Le projet a ensuite été titré Chipsiomega (l'union des trois dernières lettres de l'alphabet grec). Il s'agissait d'un titre de travail. Finalement, Profondo Rosso a été choisi en raison de la domination des couleurs écarlates dans le long-métrage, du sang aux décors en passant par la photographie.
Lors de sa sortie en Italie en 1975, Les Frissons de l'angoisse a rassemblé 5,7 millions de spectateurs, un véritable triomphe. En France, il a débarqué deux ans plus tard, charcuté de 35 minutes, ce qui a anéanti ses chances de succès dans nos contrées. Interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie dans l'Hexagone, sa classification a été ramenée aux moins de 12 ans en 2018.