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    Le Vrai du faux : qui se cache derrière Facebook ?
    Vincent Garnier
    Vincent Garnier
    -Rédacteur en chef
    Depuis l’enfance, Vincent Garnier cultive un goût pour le cinéma français, qu’il soit populaire ou plus confidentiel. Parce qu’il est le reflet d’une époque et d’un état d’esprit. Parce qu’il accorde une place de choix au dialogue.

    En se lançant sur les traces de celui qui a usurpé son identité sur Facebook, le documentariste Armel Hostiou n'imaginait découvrir un homme... et un continent. Rencontre avec le réalisateur.

    AlloCiné : Le Vrai du Faux est né sur Facebook...

    Armel Hostiou : Oui, toute cette histoire a débuté le jour où un ami m'a dit que j'avais deux profils Facebook ! Intrigué, je découvre sur le réseau ce faux profil à mon nom, avec des vraies photos de moi, un faux CV… Ce double avait plein d'amies, mais que des femmes, habitant toutes à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo. En regardant de plus près, je découvre qu’il publie régulièrement des messages annonçant des castings pour des films que je suis censé tourner au Congo, des castings auxquels il convie toutes ses/mes amies ! Ma toute première réaction face à ce qui semblait être une usurpation d’identité avait alors été de contacter Facebook pour leur signaler ce profil pirate. Je pensais d’ailleurs naïvement que tout ça allait se résoudre rapidement mais une quinzaine de jours plus tard, je reçois un message de la plateforme qui m’annonce qu’à ses yeux ce profil n’est pas un faux profil et que son compte ne serait pas clôturé, mais que je pouvais, si je le souhaitais ne pas être ami avec lui, donc avec moi-même…

    Plutôt que de vous contenter de la réponse de Facebook, vous décidez de vous rendre en République Démocratique du Congo pour retrouver la personne qui a usurpé votre identité.

    Quand j’ai reçu cette réponse de Facebook (ou d’un algorithme qui doit traiter ce genre de requête), je me suis dit que cette situation ressemblait au début d’un scénario de film, mi-absurde, mi-fantastique ! C’est là qu’est née l’idée de partir au Congo à la recherche de mon double. Je ne connaissais ni ce pays ni cette région mais j’avais l’intuition que cette enquête pouvait être d’autant plus palpitante que je n’avais aucune idée de jusqu’où elle pouvait me mener, comme dans un thriller.

    Votre démarche rappelle celle du personnage de Denis Ménochet dans Seules les bêtes de Dominik Moll. Aviez-vous cette référence en tête ?

    J’ai découvert Seules les bêtes (que j’ai beaucoup aimé d’ailleurs) bien après mon tournage. La différence principale ici avec le film de Dominik Moll c’est qu’il dépeint un personnage qui est l’objet d’une arnaque sur internet. Dans mon cas de figure j’étais plutôt un rouage de cette arnaque puisqu’elle n’était initialement pas dirigée vers moi mais vers des aspirantes comédiennes au Congo… Le film que j’avais en tête avant de partir c’était plutôt Close Up le très beau film d’Abbas Kiarostami, qui traite également d’une histoire d’usurpation d’identité ou alors des thrillers étranges comme Profession : Reporter d’Antonioni ou même Zodiac de David Fincher.

    Et vous finissez par retrouver l'usurpateur... Le film bascule alors et c'est maintenant la personnalité de cet escroc inoffensif qui vous intéresse.

    Le film prend en effet un virage complètement inattendu quand je finis par rencontrer mon double, qui tombe dans une sorte de guet-apens tendu sur… Facebook ! Sans vouloir spoiler le film (ou le divulgâcher comme on dit au Québec) il y a ensuite plusieurs rebondissements dans l’histoire qui apportent un éclairage différent sur ce personnage, qui se révèle beaucoup plus complexe que ce qu’il peut laisser croire au début.

    A travers votre "héros", c'est toute la RDC que vous découvrez, le poids des traditions, la spiritualité omniprésente, la peur de la police, etc.

    La quête de mon double est à la fois le point de départ du film mais aussi l’occasion en effet de découvrir plein d’autres aspects de ce pays et de sa capitale, Kinshasa. Mon point de chute dans cette ville étant une petite résidence d’artistes nommée La Vie est belle, le film montre aussi en filigrane la vitalité de la scène artistique de cette ville gigantesque, qui est aujourd’hui la plus grande ville francophone du monde. Au fur et à mesure que le film avance, mon personnage prend conscience que son enquête qui se ramifie contient des dimensions plus vastes et plus graves que ce qu’il avait envisagé au départ.

    Savez-vous ce que devient le faux Armel Hostiou ?

    Son compte Facebook est toujours actif mais ça fait quelques temps qu’il n’a plus publié de messages annonçant des castings…

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