Nous sommes en 1985. Al Pacino est à l'affiche de Révolution de Hugh Hudson, l'histoire d'un émigrant écossais en pleine Révolution américaine de 1776. Le film a coûté 28 millions de dollars et n'en rapporte que 346 000 sur le territoire américain. Un flop total, qui pousse Pacino à s'éloigner des écrans de cinéma et à retourner au théâtre.
C'est dans ce contexte qu'il produit The Local Stigmatic, un téléfilm adapté de la pièce éponyme en un acte de Heathcote Williams. Du temps où il était à l'Actor's Studio, Pacino en a interprété le premier rôle et les thématiques de la pièce l'ont toujours fasciné. Il décide donc de financer de sa poche le tournage, et s'octroie à nouveau le premier rôle.
L'histoire part d'un prétexte : un Anglais parie sur une course de chiens mais se fait refiler un mauvais renseignement et perd son argent. Il s'en émeut auprès de son ami, puis tous les deux se mettent à évoquer leur vie.
Afin de se préparer, Al Pacino et son collègue comédien Paul Guilfoyle prennent des accents cockney complètement caricaturaux et à côté de la plaque, ce qui sera énormément reproché au film. Par ailleurs, The Local Stigmatic s'écoute beaucoup trop parler, la mise en scène ne cherchant pas spécialement à mettre en valeur ni les comédiens ni l'action.
Cette dernière est d'ailleurs assez complexe à suivre tant le propos est dilué, mais le fait est que l'histoire reste assez fascinante à suivre : on veut comprendre où va le récit et on est happé malgré un scénario assez décousu.
Satisfait de n'avoir de compte à rendre à personne, Pacino prend son temps pour le montage et met quatre ans à obtenir une version dont il soit satisfait. Cette adaptation théâtrale ne sera montrée que lors de projections privées organisées par l'acteur et il en a donné une copie au Musée d'Art moderne qui ne peut le diffuser qu'avec son accord.
Seule sa présence dans un coffret vidéo explique qu'une copie soit parvenue jusqu'à Youtube.