Jacques Rozier est mort ce vendredi 2 juin à l’âge de 96 ans, comme l’a annoncé sa collaboratrice à l’AFP samedi soir.
Diplômé de l’IDHEC en 1947, le jeune Jacques se fait très vite une réputation dans le monde du court-métrage. En 1955, il réalise sa première œuvre courte, Rentrée des classes, rapidement suivie par Blue jeans, qui dresse un portrait attachant de la jeunesse d’après-guerre. Dans les deux courts-métrages qui suivent, Paparazzi et Le Parti des choses : Bardot et Godard, il filme Brigitte Bardot confrontée aux paparazzi sur le tournage du Mépris (1963), le film mythique de Jean-Luc Godard.
Assistant sur les plateaux de cinéma (notamment sur celui de Jean Renoir pour French Cancan en 1955), il finit par rejoindre les studios de télévision des Buttes-Chaumont. Ce premier emploi l’amène peu à peu à la carrière de réalisateur de documentaires qui lui vient en aide entre deux films, puisque ses long-métrages, bien que souvent couverts de critiques élogieuses, sont des échecs financiers.
DIRECTION LE GRAND ÉCRAN
En 1960, Rozier réalise son premier film, Adieu Philippine, chronique douce-amère de la jeunesse française ayant pour toile de fond la guerre d’Algérie. Bien que le long-métrage ne sorte qu’en 1963, le cinéaste reçoit un accueil critique et public très favorable. Cette première réalisation devient l’un des films phares de la Nouvelle Vague, et François Truffaut et Jean-Luc Godard, en personne, prennent même publiquement sa défense. Son film suivant, Du côté d’Orouët, sort neuf ans plus tard, en 1969. Ce film, un récit d’une famille de classe moyenne en vacances, a pour vedettes Bernard Ménez et Caroline Cartier.
En 1974, Jacques Rozier fait appel à Pierre Richard pour interpréter Les Naufragés de l’ile de la Tortue. On y retrouve certains aspects d’Adieu Philippine : un humour au bord du cynisme et un penchant pour le rêve, les climats oniriques. Maine Océan (1985) est l’occasion pour le cinéaste d’aborder un style plus intimiste, en rassemblant plusieurs acteurs (Bernard Ménez, Luis Rego, Yves Afonso) dans un étrange voyage en train, filmé en temps réel. Grâce à cette œuvre, il reçoit le prix Jean-Vigo en 1986. Deux autres prix récompenseront l’ensemble de sa carrière : le prix René-Clair en 1997 et le Carrosse d’or en 2002.
En 2001, à la Mostra de Venise, le réalisateur présente son dernier film, Fifi Martingale, une comédie se déroulant dans le casino d’Enghiens-les-bains, où Jean Lefebvre, Yves Afonso, Alexandra Stewart et Jacques François se donnent la réplique.
Le décès de Jacques Rozier est survenu à l’hôpital dans la nuit de jeudi à vendredi, une précision apportée par sa collaboratrice, Michèle Berson, qui travaillait avec lui depuis une quinzaine d’années.