À Hollywood, la sortie d’un blockbuster est toujours accompagnée d’une série de produits dérivés. La commercialisation de ces jouets et accessoires peut rapporter plusieurs milliards de dollars. Et sur ce marché, Disney est roi. Forcément, l’arrivée de La Petite sirène en salle est l’occasion parfaite pour le studio de faire des bénéfices.
Créée par l’entreprise Mattel, la poupée à l’effigie d’Halle Bailey, qui incarne Ariel, est devenue l’un des jouets les plus vendus aux États-Unis. Sur le site Amazon, elle se classe numéro dans le classement des ventes. Dans certaines enseignes américaines, comme Target, elle est tout simplement en rupture de stock.
Si aucun chiffre ne permet d’évaluer plus précisément l’ampleur de ses ventes, ce succès dit quelque chose de l’engouement suscité par le choix de l’actrice pour jouer le rôle-titre. La partie était pourtant loin d’être gagnée.
Le 3 juillet 2019, la chanteuse Halle Bailey est annoncée au projet. La nouvelle donne lieu à un déferlement de messages haineux, pour la plupart racistes, sur les réseaux sociaux. L’objet de cette colère ? La couleur de peau de la jeune femme, noire. Dans la version animée de 1989, Ariel est blanche et pour certains, la pilule est difficile à avaler.
Devant une telle réponse négative, la firme publie un communiqué quelques jours plus tard pour rappeler que l’héroïne est avant tout un personnage fictif, une sirène, insinuant que sa couleur de peau importe peu. Une évidence, d’autant plus que l’adaptation du studio Disney n’a plus grand chose à voir avec le conte danois d’Andersen.
Je ne prête pas attention à la négativité.
En ligne, les détracteurs, principalement des adultes, lancent même le hashtag #NotMyAriel - Pas mon Ariel en français - avec une multitude de montages incriminant la jeune comédienne alors âgée de 19 ans. Cette dernière finit par sortir du silence, un mois plus tard, en août 2019, au micro de Variety : “J’ai l’impression de rêver, je me sens chanceuse et je ne prête pas attention à la négativité.”
Le réalisateur Rob Marshall doit, lui aussi, s’expliquer dans Entertainment Weekly : “Nous avons vu tout le monde et toutes les ethnies. Nous avons simplement cherché la meilleure actrice pour Ariel. Point final.” Aucune explication n’est parvenue à calmer le jeu des plus indignés.
En septembre 2022, lorsque la première bande-annonce du film est dévoilée, plusieurs vidéos de petites filles noires réagissant aux images envahissent la Toile. Beaucoup laissent éclater leur joie - et leur étonnement - de voir une héroïne qui partage leur couleur de peau. Dans une interview accordée à The Guardian, l’actrice explique : “Enfant, voir une Ariel noire aurait changé ma vie.”
Le succès du produit dérivé confirme que la participation d’Halle Bailey répond à une vraie attente. Celle d’un jeune public qui voit, dans la représentation de cette nouvelle Ariel, un type d’héroïne d’ordinaire plus discret sur les écrans.
La Petite sirène de Rob Marshall, actuellement au cinéma.