Mon compte
    L'île rouge : après 120 battements par minute, les souvenirs fantasmés de Madagascar de Robin Campillo
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Après 120 battements par minute, voici le retour de Robin Campillo, au cinéma ce mercredi. Après 6 ans d'attente, le cinéaste dévoile un nouveau film romanesque et ambitieux, qui nous emmène à Madagascar dans les années 70.

    De quoi ça parle ?

    Début des années 70, sur une base de l’armée française à Madagascar, les militaires et leurs familles vivent les dernières illusions du colonialisme.

    L'Île rouge
    L'Île rouge
    Sortie : 31 mai 2023 | 1h 57min
    De Robin Campillo
    Avec Nadia Tereszkiewicz, Quim Gutiérrez, Charlie Vauselle
    Presse
    3,5
    Spectateurs
    2,7
    louer ou acheter

    6 ans après 120 battements par minute, le réalisateur et scénariste Robin Campillo dévoile son nouveau long métrage, L'île rouge. Après le succès critique et public de son précédent film (près de 900 000 entrées), 6 César dont celui du meilleur long métrage, le Grand Prix du Festival de Cannes en 2017, c'est peu dire que ce nouveau film est attendu.

    Gilles Marchand

    Robin Campillo réussit le pari de se renouveler, avec une histoire très lointaine de celle racontée dans 120 battements, mais tout en gardant ce qui faisait la beauté et la richesse du précédent : celui de mêler vérité et imaginaire pur, autobiographie et souvenirs fantasmés.

    Le cinéaste y met en perspective des souvenirs, tout en prenant une très grande liberté pour y injecter énormément de fiction et de romanesque. La mise en scène est très inventive, et surprend dès la première image.

    Le cinéaste opte pour un format carré 1:37 et pour certaines séquences, en souvenir de rêveries d'enfance, c'est une esthétique carton-pâte qui prend le dessus.

    Il y a donc du changement dans la continuité, pourrait-on dire. Cette continuité est assurée par l'ambition affichée par le film, à commencer par une ambition esthétique donc, et un soin particulier apporté à l'écriture des héros. Robin Campillo dresse le portrait de plusieurs personnages, une famille et son entourage amical et professionnel.

    Gilles Marchand

    L'île rouge laisse une large place aux sensations de l'enfance. Le spectateur est placé à hauteur d'enfant, précisément le jeune héros incarné par Charlie Vauselle, dont c'est le premier rôle au cinéma.

    Un garçon "à la fois joyeux et lunaire", inspiré de l'enfance du réalisateur. "Ce que j’ai essayé de faire, c’est de mettre mes souvenirs en perspective, non pas pour trouver une vérité historique ou autobiographique, mais plutôt pour créer un monde sensoriel, celui de Thomas. Une conscience naissante qui découvre les choses sans toutefois les comprendre tout à fait", explique Robin Campillo dans le dossier de presse.

    Moins un film historique qu’une traversée sensorielle de cette période

    On le voit observer les conversations des grands. Le film saisit avec beaucoup de justesse la vision qu'un enfant peut porter sur les adultes. Tout en nous emmenant dans son imaginaire foisonnant.

    "Le film épouse un imaginaire fait de rêverie exotique, de détails que [le héros] perçoit comme excitants ou menaçants, de ouï-dire où transparaissent les événements historiques. Du coup certaines scènes (...) ont un statut ambigu, sans qu’on sache quel est leur degré de réalité ou de fantasme."

    Charlie Vauselle Gilles Marchand
    Charlie Vauselle

    Et d'ajouter : "De ce point de vue le film est moins un film historique qu’une traversée sensorielle de cette période. D’ailleurs je voulais retrouver presqu’une logique de rêve dans l’enchainement des scènes comme si une parole entendue ou une matière pouvaient entrainer une autre séquence".

    L'île rouge porte un propos historique et politique, délicatement entremêlé avec la partie chronique familiale. Le versant plus politique du film est surtout présent dans sa dernière partie.

    "Quand j’ai quitté Madagascar et que je suis revenu en France, j’étais encore petit, je n’avais évidemment aucune conscience du colonialisme. Toutefois, même si j’avais de la nostalgie pour ce paradis perdu, je sentais que nous avions été une anomalie dans ce pays. (...)

    Et si j’ai fait ce film c’est précisément pour mettre à jour les coulisses de cette nostalgie. Mettre à nu la violence silencieuse d’un quotidien apparemment paisible, pourtant chargé des échos de la répression de 1947.

    Car ce paradis perdu était surtout un paradis volé. (...) On volait le bonheur de vivre sur cette île. Alors que notre présence dans ce pays avait une raison très simple : la France voulait garder une place stratégique dans l’Océan Indien".

    Le casting nous donne à voir Nadia Tereszkiewicz, César de la Révélation féminine lors de la dernière cérémonie des César (pour Les Amandiers de Valeria Bruni Tedeschi), et Quim Gutiérrez (vu récemment dans Un an, une nuit). Mentions spéciales également pour Amely Rakotoarimalala, Hugues Delamarlière, Sophie Guillemin et David Serero.

    A noter que L'île rouge est produit par la coproductrice d'Anatomie d'une chute, Palme d'or 2023 : Marie-Ange Luciani (Les Films de Pierre).

    Retrouvez toutes les sorties cinéma de la semaine

    L'île rouge, réalisé par Robin Campillo, coécrit par Robin Campillo, Gilles Marchand et Jean-Luc Raharimanana, sort au cinéma ce mercredi 31 mai 2023.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top