A l'affiche d'Apaches depuis le 29 mars, Alice Isaaz est cette semaine au casting du film de Thierry Binisti, Le Prix du Passage.
Dans ce drame humain, la jeune comédienne tient le rôle de Natacha, une mère célibataire qui galère pour élever son fils de 8 ans. Walid (Adam Bessa), un migrant d’origine Irakienne, attend de réunir assez d’argent pour payer son passage vers l’Angleterre. Aux abois, ils improvisent ensemble une filière de passages clandestins avec les risques que cela comporte.
Alice Isaaz partage ici l'affiche avec Adam Bessa, déjà vu dans le film Netflix Mosul, le film d'action Tyler Rake avec Chris Hemsworth et le drame Harka pour lequel il a remporté le Prix d’Interprétation Masculine dans la section Un Certain Regard au Festival de Cannes 2022. Il sera d'ailleurs au casting de Tyler Rake 2 dès le 16 juin.
Écrit par Sophie Gueydon et Pierre Chosson et réalisé par Thierry Binisti, qui a déjà mis en scène le drame Une bouteille à la mer en 2012 et a beaucoup travaillé pour la télévision, notamment pour les téléfilms "Meurtres en", le long-métrage a été présenté en avant-première lors de la 15e édition du Festival du Film Francophone d'Angoulême.
L'idée de ce film sur le passage des migrants vers l'Angleterre est venue à la scénariste Sophie Gueydon alors qu'elle travaillait avec des associations de migrants. Thierry Binisti, explique : "À l’origine du projet, il y a l’expérience que la scénariste Sophie Gueydon a eue d’abord à Paris puis dans le Nord de la France, près de Calais. Elle y a passé beaucoup de temps, en travaillant dans des associations, et en nouant des liens avec les migrants qu’elle a rencontrés. Son propre vécu nous a été précieux à la fois pour l’écriture et la fabrication du film même s’il a fallu réactualiser le récit après le démantèlement de la jungle de Calais.*"
Un récit inspiré d'histoires vraies
Le réalisateur indique d'ailleurs que le personnage de Natacha s'inspire un peu de la scénariste. "Il y a une part d’elle dans le personnage de Natacha ; elle est entière et rebelle, souvent à fleur de peau. Quant à Walid, Sami et tous les personnages de migrants du film, ils sont inspirés de gens que Sophie a connus*."
Pour préparer le tournage, le cinéaste s'est beaucoup renseigné et a donc cotoyé les associations d'aides aux migrants. Il a ainsi été le témoin de la difficulté pour ces hommes et ces femmes de rejoindre les leurs.
Il souligne "En préparant le film, j’ai moi aussi, fait des rencontres importantes, aussi bien du côté du tissu associatif que des migrants, qui, pour certains, sont amenés à rester longtemps en France. Ils vivent l’expérience difficile de l’exil en transit, être ici et nulle part en même temps. Être dans l’attente d’un prochain lieu de vie, dans l’espoir d’une solution, d’un passage. Éprouver ce sentiment d’être coincé sur une côte, face à la mer alors qu’ils voudraient aller en Angleterre, pour dans de nombreux cas, rejoindre leur famille. Tout cela a beaucoup nourri le récit*."
Tourné entre Boulogne-sur-mer et Dunkerque, Le Prix du Passage met en lumière la manière dont sont traités les migrants, notamment depuis le démantèlement de la jungle de Calais. Afin d'éviter les regroupements, les CRS obligent ces derniers à se déplacer constamment.
Thierry Binisti explique : "L’essentiel pour les forces de l’ordre est qu’il n’y ait rien de pérenne, aucune infrastructure durable. Les associations font le tour de ces différents camps pour apporter chaque jour de la nourriture, des vêtements et ce dont on a été témoin était souvent extrêmement touchant.Je me souviens d’un couple qui a décidé de laver le linge des migrants. Ils ont installé quatre machines à laver dans leur garage et chaque jour ils collectent le linge dans des sacs plastiques numérotés, le lavent, le sèchent et le rapportent. Leur facture d’eau est colossale mais ils se sont donné cette mission*."
Dans le long-métrage, le personnage de Natacha décide de faire passer illégalement des migrants dans le seul but de se faire de l'argent pour pouvoir élever son fils. Mais peu à peu, son personnage va évoluer et devenir plus "humain". Le metteur en scéne déclare à ce propos : "C’est grâce à cette épreuve qu’elle accède enfin à elle-même : c’est peut-être la première fois de sa vie qu’elle a osé une chose aussi folle et l’avoir réussie la galvanise, c’est la première marche vers sa liberté.
Si le film s’appelle Le Prix du passage, c’est bien parce qu’en quelque sorte tout le monde "passe", tout le monde accède à quelque chose au cours du processus. Pour Natacha, c’est le prix à payer pour pouvoir sortir de sa condition.*"
Dans la lignée de Welcome de Philippe Lioret et du récent Les Survivants de Guillaume Renusson, Le Prix du Passage est à voir en salles dès ce mercredi.
*Propos issus du dossier de presse du film